L’aspergillose pulmonaire (AP) regroupe plusieurs entités clinico-radiologiques, de la colonisation à l’AP invasive. Les incidences du cancer bronchique et de l’AP sont en augmentation (vieillissement de la population, amélioration des techniques disgnostiques et nombre plus important de patients recevant des traitements oncologiques lourds comme la chimiothérapie). Le patient atteint d’un cancer bronchique est fragilisé par l’altération du parenchyme pulmonaire (association fréquente avec la BPCO, le cancer, ses traitements, l’exposition itérative uax corticoïdesinhalés ou systémiques), autant de facteurs de risque potentiels d’AP. Cependant ce type de complication infectieuse en oncologie thoracique a peu été étudié. Les principaux objectifs de notre étude sont d’analyser la fréquence de l’AP au sein d’une cohorte de patients atteints d’un cancer bronchique, et d’identifier les facteurs de risque de développer une telle pathologie infectieuse dans ce contexte.
Nous avons recueilli de manière exhaustive et rétrospective sur 5 ans, les données cliniques, radiologiques, fonctionnelles respiratoires et biologiques des patients suivis pour un carcinome bronchique présentant un prélèvement respiratoire positif à une espèce aspergillaire au sein de 2 centres de pneumologie lyonnais (hôpital de la Croix-Rousse, HCL et Centre Léon-Bérard).
Durant cette période, 591 prélèvements respiratoires (450 patients) étaient positifs pour Aspergillus spp. Parmi ceux-ci, 138 patients (30,7 %) étaient suivis pour un cancer bronchique. Une sérologie et/ou un antigène Galactomannane sérique positif, associés à des lésions pulmonaires et une clinique compatibles avec une AP ont été identifiés chez 21 patients (15,9 %). Les autres patients ont été considérés comme colonisés. En analyse multivariée, l’hypoalbuminémie et la BPCO stades III et IV de GOLD ont été identifiées comme des facteurs de risque dans ce contexte de cancer bronchique (OR 1,12 ; IC95 (1,00 ; 1,25) p=0,038 et OR 5,72 ; IC95 (1,28 ; 25,55) p=0,02 respectivement). La corticothérapie systémique administrée dans les 6 mois précédant le diagnostic est associée à une tendance à développer une AP (OR 4,17 ; IC95 (0,93 ; 16,67) p=0,064).
Ces données soulignent la fréquence de l’AP en oncologie thoracique. Elles requièrent d’adopter une vigilance particulière en oncologie thoracique vis-à-vis d’Aspergillus, particulièrement chez les patients dénutris, BPCO et traités par corticoïdes systémiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
© 2017
Publié par Elsevier Masson SAS.