Le diabète constitue un facteur de risque non négligeable exposant aux maladies infectieuses. Dans notre pays, où la tuberculose est encore un problème majeur de la santé publique, l’association entre ces deux pathologies est de plus en plus observée. L’objectif de notre étude est d’identifier les particularités épidémiologiques, cliniques, bactériologiques et évolutives chez les tuberculeux diabétiques.
Une étude comparative type cas-témoins a été réalisée. Nous avons étudié les dossiers de tous les patients suivis pour tuberculose pulmonaire entre 2010 et 2015.
Notre étude a inclus 403 tuberculeux. La prévalence du diabète était de 11,2 % (45). Les diabétiques étaient plus âgés (49 ans versus 39 ans ; p=0,01) ; majoritairement de sexe masculin (61 %) et tabagiques dans 51 % des cas. Les comorbidités cardiovasculaires étaient plus observées chez les diabétiques (12 % versus 8 %). Parmi ces derniers, 18 % avaient une histoire de tuberculose pulmonaire ou extrapulmonaire versus 10 % (p=0,038). La notion de contage tuberculeux n’a été retrouvée que chez 28 % des diabétiques versus 35 %. La symptomatologie clinique a été dominée par les sueurs nocturnes, les douleurs thoraciques et l’hémoptysie. Par conséquent, le délai de consultation était plus court chez ces patients 71j versus 89j (p=0,042). Sur le plan radiologique, les excavations étaient plus fréquentes chez les diabétiques (69 % vs 51 % ; p=0,032) avec des lésions plus étendues (>2/3) chez 77 % des patients versus 63 % (p=0,02) touchant les deux poumons dans 55 % des cas versus 41 %. Le syndrome inflammatoire biologique était moins marqué chez les diabétiques : 24 % versus 37 % (p=0,05). Dans ce groupe, les patients étaient plus bacillifères (>+++) : 37 % versus 24 % (p=0,017). Tous nos patients ont été mis sous traitement antituberculeux pour une durée moyenne de 6±1 mois sans différence significative entre les deux groupes, au dépend de plus d’effets indésirables chez les diabétiques : 57 % vs 43 % ; p=0,04. L’échec thérapeutique a été observé chez 11 % des patients versus 7 % (p : 0,01) avec un retard de négativation des crachats chez 26 % des diabétiques vers 14 % et des séquelles radiologiques dans 82 % des cas versus 63 %.
La relation entre la tuberculose et le diabète a été bien établie. Il est donc très nécessaire de prendre en considération la présence de cette comorbidité lors du diagnostic de la tuberculose sans oublier le dépistage systématique du diabète chez les tuberculeux.
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© 2016
Publié par Elsevier Masson SAS.