Les décès dus à la tuberculose (TB) impactent négativement l’issue favorable des patients mis sous traitement et font de cette affection l’une des dix causes majeures de mortalité dans le monde. L’objectif de ce travail était de déterminer le moment critique de survenue des décès et les facteurs associés à ce résultat défavorable dans la région du Borgou au nord du Bénin.
Il s’agissait d’une étude de cohorte rétrospective menée entre mars et juillet 2017. Elle avait inclus tous les patients traités entre 2006 et 2015 dans les 8 centres de traitement de la TB de la région. Les caractéristiques socio-démographiques, cliniques, paracliniques, thérapeutiques, les dates de début du traitement et de résultat étaient recueillies.
Au total, 2619 patients, soit 92,7 % des 2826 cas de TB traités dans cette période étaient finalement inclus, sex-ratio (H/F) de 2,04, âge moyen de 37,53 ans (±16). Sur les 10 ans, 315 (12 %) étaient décédés, avec des variations selon le centre de traitement. Le délai médian de survenue du décès était 36jours (IQR=12–79). Il y avait une différence entre les délais de survenue du décès chez les VIH (+), les VIH (−) et les VIH inconnus (p=0,02). Les décès étaient majoritairement survenus pendant la phase intensive du traitement (66,3 %) ; et les dix premiers jours étaient les plus critiques. Le taux de létalité avait diminué de 17,2 % en 2006 à 11,4 % en 2015. Les facteurs associés au décès étaient un âge>ou=45 ans (ORa=1,719 ; IC95 %=1,320–2,239 ; p<0,001), une forme extrapulmonaire (ORa=1,722 ; IC95 %=1,208–2,456 ; p=0,003) et une sérologie VIH positive. Concernant ce dernier facteur, comparé aux tuberculeux VIH (−), le risque de décès était maximal chez les TB-VIH (+) sans cotrimoxazole (CTM) ni antirétroviraux (ARV) (ORa=20,994 ; IC95 %=9,104–48,409 ; p<0,001), suivi de ceux qui étaient uniquement sous CTM (ORa=9,977 ; IC95 %=4,914–20,258 ; p<0,001) et de ceux qui sont sous les deux thérapies (ORa=3,877 ; IC95 %=2,699–5,569 ; p<0,001).
Les dix premiers jours suivant la mise sous traitement sont les plus critiques chez les patients tuberculeux, avec un risque élevé de décès. Lors de la surveillance, une attention particulière doit être portée aux formes extrapulmonaires, aux patients âgés de 45 ans ou plus et aux VIH positifs. L’efficacité des ARV étant bien établie, la persistance du risque de décès chez les patients sous ce traitement peut être corrigée par une initiation précoce et une meilleure prise en charge des autres affections opportunistes.
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Publié par Elsevier Masson SAS.