Le nivolumab est un inhibiteur de point de contrôle immunitaire (ICI) prescrit dès la deuxième ligne dans les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) de stade avancé. Des études ont suggéré que le microbiote intestinal et l’administration d’une antibiothérapie précoce (AP) pouvaient moduler l’efficacité des ICI. Les objectifs de notre étude sont d’évaluer l’impact d’une AP (dans les deux mois précédents jusqu’au mois suivant le début du traitement) sur l’efficacité du nivolumab et la valeur prédictive du taux de citrulline plasmatique (marqueur de la barrière intestinale) et du microbiome sanguin.
Les patients consécutifs traités par nivolumab pour un CBNPC avancé en deuxième ligne ou plus entre juillet 2014 et décembre 2017 ont été inclus. Les taux de citrulline plasmatique ont été mesurés aux mois (M) 0, M2, M4 et M6. L’analyse du microbiome plasmatique a été faite par séquençage des régions variables V3–V4 du gène ARN 16S bactérien à M0.
Parmi les 72 patients inclus, 30 (42 %) ont reçu une AP. La survie globale (SG) était significativement plus longue chez les patients sans AP (médiane de 13,4 mois) que ceux avec AP (5,1 mois, p=0,03). La survie sans progression (SSP) n’était pas significativement modifiée selon l’utilisation d’une AP (médianes respectives 3,3 et de 2,75 mois, p=0,249). Des échantillons de plasma ont été prélevés chez 36 patients. Les taux de citrulline plasmatique à M0 étaient associés aux taux de réponse (52 % avec citrulline≥20μM vs 20 % avec citrulline<20μM, p=0,084), au bénéfice clinique (nivolumab≥6 mois) (56 % avec citrulline≥20μM vs 0 % avec citrulline<20μM, p=0,002). La SSP médiane était de 7,9 mois (citrulline≥20μM) vs 1,6 mois (citrulline<20μM) (p<0,0001), et la SG médiane était respectivement non-atteinte vs 2,2 mois (p<0,0001). Les patients traités par AP tendaient à avoir des taux plus faibles de citrulline que ceux sans AP : 17μM (IQR 15–30) vs 31μM (IQR 21,3–40,5) (p=0,06). Concernant le microbiome à M0, la présence de certaines familles bactériennes était associée à la réponse et au bénéfice clinique (Peptostreptococcae, Paludibaculum, Lewinella) et d’autres à la progression sous nivolumab (Gemmatimonadaceae).
Une AP est associée à des taux faibles de citrulline et à une diminution de la SG des patients atteints d’un CBNPC traités par nivolumab. La citrulline plasmatique ainsi que la composition du microbiome sanguin pourraient être des marqueurs prédictifs de l’efficacité du nivolumab.
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Publié par Elsevier Masson SAS.