Le tabagisme est un problème de santé publique majeur. Il est associé à un taux de mortalité élevé surtout dans nos pays en développement. L’objectif de cette étude est de faire le bilan de consultation du sevrage tabagique dans le service de pneumologie de l’hôpital Fann de Dakar et de pointer le doigt sur les difficultés rencontrées lors de ces consultations.
Nous avions mené une étude transversale durant la période du 1er avril 2017 au 1er mars 2019 (23 mois). La population d’étude était constituée des patients ayant consulté pour une aide au sevrage tabagique durant la période de l’étude.
Nous avions reçu 78 patients en consultation. L’âge moyen était de 46,04 ans (extrêmes : 16 et 77 ans), avec une prédominance masculine sex-ratio à 4,75. Le niveau socio-économique était jugé bas chez 23 % des patients, moyen dans 54,8 % et bon 21,8 % des cas. Treize pour cent des patients avaient un revenu mensuel inférieur au SMIG (40 000 FCFA=60£). On notait comme co-addictions : cannabis 21,8 % (n=17) ; alcool 6,4 % (n=5). Nos patients présentaient des pathologies liées au tabac notamment une BPCO (17,4 %) ; 1 pneumothorax sur bulles d’emphysème ; 2 syndromes coronariens aigus, 1 cœur pulmonaire chronique. La majorité des patients étaient fortement dépendants (66 %) avec un nombre de paquets-années moyen 38,6 PA. Plus de la moitié des patients (n=44, 56,4 %) avaient essayé au moins une fois d’arrêter de fumer sans succès. La principale raison du sevrage était médicale dans 69,9 % des cas. La majorité des patients 93,5 % avaient bénéficié d’une prescription de substituts nicotiniques seuls traitements disponibles dans nos pharmacies. Parmi eux, seuls 7(9,5 %) avaient honoré les prescriptions vu le coût élevé des dérivés nicotiniques sur le marché Sénégalais (Nicopathh 25mg boite de 28 coûte 74 021 FCFA=112£), mais aussi à leur indisponibilité dans les officines. Cinq patients (6,41 %) avaient pu arrêter de fumer avec un suivi de 8 mois. Plus de 65 % des patients étaient perdus de vue au bout de deux mois de consultation.
Les consultations d’aide au sevrage tabagique au Sénégal rencontrent d’énormes difficultés liées à la non disponibilité des médicaments tels que le bupropion et la varenicline, etc. D’autres part, par le coût des molécules disponibles face à des populations le plus souvent démunies, font que le taux d’échec et d’abandon du traitement reste très élevé.
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Publié par Elsevier Masson SAS.