L’asthme sévère non contrôlé concerne moins de 10 % de la population des asthmatiques mais représente un enjeu de santé publique par la morbidité, les consommations de soins et les coûts associés qu’il engendre. Peu de données étant disponibles sur le sujet, l’objectif de cette étude était de caractériser son impact en vie réelle en termes de comorbidités, de mortalité et de consommations de soins chez les patients âgés de 12 ans et plus comparés à la population générale.
Cette étude non-interventionnelle rétrospective sur données secondaires a été réalisée à partir de l’échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB, 1/97 et de l’ensemble des bénéficiaires de l’Assurance Maladie). Les patients présentant un asthme sévère non contrôlé en 2014 ont été sélectionnés au moyen d’un algorithme basé sur les codes CIM-10 des diagnostics d’hospitalisation et/ou des ALD et les traitements. La sévérité de l’asthme a été caractérisée par la consommation de médicaments des paliers 4 et 5 du GINA et le non-contrôle identifié par des événements marqueurs. Les patients ont été appariés à des témoins de la population générale sur l’âge, le sexe et le statut CMU (ratio 1 :3). Le fardeau a été étudié sur 2 années glissantes après la survenue du premier événement marqueur de non-contrôle.
Au total, 739 patients asthmatiques sévères non contrôlés âgés de 12 ans et plus ont été identifiés, ce qui correspondrait à 91 725 patients après extrapolation sur la population française (IC95 [85 351 ; 98 575]). L’âge médian a été estimé à 62,0 ans et le sex-ratio H/F à 0,75. Parmi ces patients, 54,8 % présentaient une maladie cardiovasculaire et 30,3 % une maladie psychiatrique avec un score de Charlson médian de 3,0. Près de 2/3 des patients ont eu au moins un recours aux soins hospitaliers d’intérêt et le risque de recours aux urgences était deux fois supérieur à celui de la population générale (RR=2,05 ; IC95 [1,87 ; 2,26]). Les patients étaient majoritairement traités par l’association CSI+LABA et la consommation d’antibiotiques était significativement supérieure à celle de la population générale (90,7 % vs 59,7 % ; p<0,0001). La probabilité de survie à 2 ans de 92,0 % (Kaplan–Meier) était significativement inférieure à celle des témoins de la population générale (96,6 % ; RR de décès : 2,36 ; IC95 [1,70 ; 3,29]).
Cette étude permet de confirmer une prévalence importante des comorbidités et une surmortalité de l’asthme sévère non contrôlé.
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Publié par Elsevier Masson SAS.