Succès en vie réelle de l’arrêt du traitement antifongique d’une aspergillose bronchopulmonaire allergique chez des patients adultes porteurs de mucoviscidose - 05/01/20
Résumé |
Introduction |
L’aspergillose bronchopulmonaire allergique (ABPA) survient chez environ 9 % des patients adultes atteints de mucoviscidose. Les antifongiques de type azolé peuvent être proposés dans sa prise en charge en cas d’inefficacité ou d’intolérance de la corticothérapie systémique. L’arrêt de ces azolés étant peu codifié, cette décision repose surtout sur l’expertise du médecin référent. L’objectif de ce travail est d’évaluer la proportion de succès de l’arrêt d’azolés mis en place pour une ABPA chez les patients atteints de mucoviscidose.
Méthodes |
Il s’agit d’une étude monocentrique rétrospective incluant tous les patients atteints de mucoviscidose suivis au centre de ressources et de compétences de la mucoviscidose pour adultes du CHU de Lille, traités par azolé pour une ABPA et ayant arrêté celui-ci entre le 1er janvier 2013 et le 31 décembre 2018. Le critère d’échec était la reprise d’un antifongique dans l’année suivant l’arrêt de l’azolé. Les résultats sont donnés en médiane avec écart interquartile.
Résultats |
Sur les 250 patients suivis au CRCM, 48 (19,2 %) prenaient un azolé durant la période d’intérêt, 35 l’ont arrêté dont 22 l’avaient pour traiter une ABPA. Un patient a été exclu (changement de CRCM avec impossibilité de récupérer les données). Lors de l’arrêt du traitement, les 21 patients inclus étaient à 55 % des femmes, l’âge médian était 26 ans [23–30] et le VEMS médian 1,59L [1,31–2,37] soit 49 % de la théorique [34–65]. La durée médiane de prise de l’azolé est de 15 mois avant l’arrêt [5–61]. Les motifs d’arrêt des azolés sont : l’amélioration clinique de l’ABPA (n=10), un effet indésirable rapporté à l’azolé (n=7) ou un arrêt par le patient lui-même (n=4). Au moment de l’arrêt, 11 patients avaient une éosinophilie sanguine>500/mm3, 4 des IgE totales>1000 KUI/L, 5 des IgE anti-Aspergillus>0,35 kUa/L et 8 un sérodiagnostic aspergillaire avec au moins 2 arcs de précipitation contre Aspergillus. Un traitement antifongique n’a été repris au cours de l’année suivante que chez 4 patients.
Conclusion |
Alors que l’amélioration clinique n’est retenue comme motif d’arrêt de l’azolé que dans 48 % des cas et qu’il persiste fréquemment des stigmates biologiques d’ABPA, un antifongique n’est repris que chez 19 % des patients. Considérant le risque d’effets secondaires et d’interactions médicamenteuses associés aux azolés, ce travail conforte l’importance de reconsidérer régulièrement la balance bénéfices–risques de ces traitements lorsqu’ils ont été mis en route dans cette indication.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.