La pathologie respiratoire peut être un motif d’éviction dans plusieurs secteurs professionnels notamment dans le milieu militaire qui associe de nombreux facteurs pouvant favoriser son aggravation. La décision d’aptitude au service armé s’avère complexe nécessitant le recours à des explorations fonctionnelles poussées. L’objectif de cette étude est de déterminer l’impact professionnel du résultat des explorations fonctionnelles respiratoires chez une population militaire active ayant été adressée à la consultation de pneumologie pour un avis d’aptitude devant une symptomatologie respiratoire.
Il s’agit d’une étude descriptive rétrospective menée au service de pneumologie de l’hôpital militaire principal d’instruction de Tunis entre janvier 2021 et août 2022 s’intéressant à des militaires ou soldats adressés pour un avis médical d’aptitude devant une symptomatologie respiratoire.
Durant la période d’étude, 102 patients ont été inclus. L’âge moyen était de 21±2,7 ans avec une nette prédominance masculine de 98 %. Un tabagisme actif a été noté chez 58,4 % des cas. Vingt-deux pour cent de la population avaient un antécédent d’atopie familiale. Les principaux motifs de consultation étaient un antécédent ou une symptomatologie évocatrice d’asthme allergique (62,9 %) suivis d’une anomalie radiographique (27 %), de déformation thoracique (4,5 %) et d’un antécédent de chirurgie thoracique (5,6 %). La radiographie de thorax était pathologique dans 48,5 % des cas dont 23,4 % avaient une distension thoracique. Une spirométrie a été réalisée chez 61,4 % des patients, montrant un trouble ventilatoire obstructif (TVO) dans 16,7 % des cas. Le TVO était léger dans 20,4 % des cas, modéré dans 60,3 % cas et sévère dans 10,3 % des cas. Chez les patients dont la spirométrie était normale, un test d’hyperréactivité bronchique non spécifique (HRBNS) à la métacholine a été pratiqué. Ce test était positif chez 22 patients (21,5 %). La dose de métacholine médiane administrée était de 212 [78 ; 359] μg. La PD 20 était inférieure à 100μg chez 31,8 % des patients alors qu’elle était entre 100μg et 400μg dans 49,5 % des cas et supérieure à 400μg dans 18,7 % des cas. Une décision d’inaptitude au service armée a été prise chez 37,3 % des patients dont 57,9 % avait un test d’HRBNS positif. Un TVO à la spirométrie était le motif d’inaptitude dans 26,3 % des cas. Dix pour cent des patients ont été déclarés inaptes pour une intolérance à l’effort. Une anomalie parenchymateuse au scanner thoracique était le motif d’éviction du service armé dans 5,8 % des cas.
Outre les données professionnelles et cliniques, des examens paracliniques s’avèrent d’une grande utilité dans la prise de la décision d’aptitude au service militaire, notamment la spirométrie et le test d’HRBNS qui constituent des moyens objectifs et reproductibles au milieu hospitalier.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
© 2022
Publié par Elsevier Masson SAS.