La tuberculose représente un problème de santé publique dans le monde. Elle est responsable de 10 millions de nouveaux cas dans le monde en 2020 et 1,5 million de décès. La stratégie thérapeutique est bien standardisée, elle fait appel le plus souvent à quatre antibiotiques majeurs : l’isoniazide (H), la rifampicine (R), le pyrazinamide (Z) et l’éthambutol (E). Néanmoins, ce traitement expose à la survenue de nombreux effets indésirables parmi lesquels, les réactions immuno-allergiques. Le but de notre étude est de décrire le profil épidémiologique, clinique et évolutif des réactions immuno-allergiques aux antibacillaires.
Il s’agit d’une étude prospective et descriptive, réalisée eu sein du service de pneumo-phtisiologie à l’hôpital Moulay Youssef CHU Rabat, portant sur les malades hospitalisés pour une réaction immuno-allergique aux antibacillaires sur une période de 8 mois de janvier 2022 à août 2022.
Nous avons colligé 32 cas. La moyenne d’âge était de 39,5 ans (14–81 ans). Le sex-ratio était de 0,45 (68 % des femmes et 32 % des hommes). Le tabagisme a été retrouvé dans 22 % des cas. La sérologie HIV était positive dans 6,5 % des cas et 2 patients suivis pour connectivite (PR, lupus). La tuberculose pulmonaire a été retrouvée dans 36 % des cas. La forme extra pulmonaire était dominée par : la tuberculose pleurale (6 cas), ganglionnaire (5 cas), ostéoarticulaire (1 cas), des parties molles (1 cas), neuroméningée (1 cas), péritonéale (1 cas) et cutanée (1 cas). La tuberculose a été confirmée bactériologiquement dans 64 % des cas, alors que le granulome a été retrouvé dans 22 % des cas. Le délai de survenue des réactions dans notre série varie entre 2 et 45jours (moyenne de 13,75jours). Les manifestations immunoallergiques relevées sont digestives (nausée, vomissement, épigastralgie) chez 64 % des patients, cutanées (prurit, rash cutané, urticaire) chez 45 % des patients, une fièvre dans 26 % des cas, deux cas de DRESS syndrome et un cas de choc anaphylactique. Le bilan hépatique était perturbé dans 54 % des cas. Les médicaments incriminés dans notre série sont dominés par la Rifampicine 44 %, suivie par le Pyrazinamide 19 %, l’Isoniazide 10 %, l’Ethambutol 8 % et l’association de plus d’un antibacillaire dans les autres cas (19 %). Une réintroduction progressive des médicaments était préconisée chez tous nos patients (4 cas ont bénéficié d’une réintroduction progressive de la forme combinée sur 3jours). Une induction de la tolérance a été faite chez 61 % des cas avec un succès dans 78 % des cas. Devant l’échec de l’induction de la tolérance chez 7 patients, les médicaments de première ligne ont été remplacés par certains médicaments de deuxième ligne avec prolongation du traitement sauf chez un seul patient ayant une tuberculose cutanée (paucibacillaire), la durée du traitement était 6 mois (2RHZ/4RH).
On note dans notre étude une prédominance féminine dans la survenue des réactions immuno-allergiques aux antibacillaires. Les manifestations digestives sont les plus retrouvées. Le médicament incriminé est la Rifampicine. Grâce à l’induction de la tolérance, la plupart des patients peuvent reprendre leurs traitements.
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Publié par Elsevier Masson SAS.