Implication de la longueur des télomères du donneur et du receveur dans la survenue d’une dysfonction chronique du greffon après transplantation d’organe - 12/01/23
Résumé |
Introduction |
La dysfonction chronique du greffon ou chronic lung allograft dysfunction (CLAD) représente la principale cause de mortalité après transplantation pulmonaire. Parmi les deux principaux phénotypes décrits, la forme restrictive est associée à un déclin fonctionnel plus rapide et un pronostic plus sombre. Les facteurs de risques menant à la survenue d’un CLAD sont méconnus, mais des travaux récents suggèrent l’implication de caractéristiques génétiques du donneur ou du receveur. Les télomères sont des séquences nucléotidiques répétées situées aux extrémités des chromosomes et chargées de protéger le matériel génétique lors de la réplication cellulaire. Certaines mutations impliquant l’une des protéines du système télomérase sont associées à la survenue de fibrose pulmonaire [1 ], et sont retrouvées environ 20 % des fibroses pulmonaires idiopathiques. La présence de télomères courts, sans mutation identifiée, est retrouvée chez près de 25 % des fibroses pulmonaires sporadiques. La présence d’une mutation impliquant le système télomérase est associée à un moins bon pronostic après transplantation pulmonaire. Certains travaux récents suggèrent le lien entre présence de télomères courts chez le receveur ou le donneur et survenue d’un CLAD [2 ], mais les résultats sont discordants et les études incluent principalement des patients transplantés pour fibrose pulmonaire idiopathique. L’objectif était donc de déterminer si la présence de télomères courts, chez le donneur ou le receveur, était associée à la survenue d’un CLAD et à sa forme restrictive.
Méthodes |
L’étude a inclus 263 couples donneurs/receveurs issus de la cohorte COLT, biobanque de patients transplantés pulmonaires, avec au moins 5 ans de suivi. La survenue d’un CLAD et son phénotype sont déterminés par un comité d’adjudication indépendant. La longueur des télomères a été évaluée par méthode dite Luminex (QuantiGene® Plex DNA Assay, ThermoFisher), qui permet la mesure d’un ratio de fluorescence Télomère/gène rapporteur sans nécessité d’amplification. La longueur des télomères étant dépendante de l’âge, la population des donneurs a été utilisée comme référence pour l’évaluation de la longueur des receveurs. Les télomères ont été définis comme courts s’ils étaient inférieurs au quartile pour la classe d’âge.
Résultats |
Au total, 263 paires donneurs/receveurs ont été analysés, parmi lesquels 79 (30,0 %) ont présenté un CLAD dans les 5 ans de suivi. Dix-huit (6,8 %) avaient une forme restrictive de CLAD. Les patients transplantés pour PID avaient plus fréquemment des télomères inférieurs au 25e percentile que les patients transplantés pour d’autres motifs (52,8 % vs 25,1 %, p=0,014). La présence de télomères courts chez le donneur n’était pas associée à une fréquence de CLAD augmentée (OR : 0,8683, IC95 : 0,4125–1,725, p=0,875). La présence de télomères courts chez le receveur n’était pas associée à une fréquence de CLAD augmentée (OR : 1,102, IC95 : 0,5903–2,048, p=0,7548), ni à un surrisque de forme restrictive (OR : 2,304, IC95 : 0,7926–6,659, p=0,1569).
Conclusion |
La présence de télomères courts, chez le donneur ou chez le receveur n’est pas associée à la survenue d’une dysfonction chronique du greffon. Les patients transplantés pour pneumopathie interstitielle présentaient un risque supérieur de forme restrictive de rejet dans ce travail, dont les facteurs de susceptibilité sont à préciser. D’autres investigations sont nécessaires pour identifier les facteurs de risques de survenue d’un CLAD et les mécanismes orientant vers une forme obstructive ou restrictive.
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