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Étude rétrospective multicentrique d’une cohorte de patients présentant une mutation rare du gène de l’EGFR : caractéristiques cliniques et thérapeutiques - 09/01/24

Doi : 10.1016/j.rmra.2023.11.105 
L. Pabst 1, 2, , A. Cossart 1, G. Pamart 1, B. Mennecier 1, C. Matau 1, D. Debieuvre 3, J.P. Oster 4, E. Pencreach 2, 5, M. Beau-Faller 2, 5, C. Mascaux 1, 2
1 Service de pneumologie, hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France 
2 French National Institute of Health and Medical Research (INSERM), UMR 1260, Regenerative Nanomedicine (RNM), Université de Strasbourg, Strasbourg, France 
3 Service de pneumologie, Centre Hospitalier Emile Muller, Mulhouse, France 
4 Service de pneumologie, hôpitaux civils de Colmar, Colmar, France 
5 Laboratoire de biochimie et de biologie moléculaire, hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les mutations de EGFR (récepteur de facteur de croissance épidermique) sont les deuxièmes plus fréquentes dans les carcinomes bronchiques non à petites cellules (CBNPC) mais représentent une entité hétérogène avec 85-90% de délétion de l’exon 19 et mutation ponctuelle de l’exon 21 et 10-15% de mutations dites “rares”. Si le traitement de référence des mutations classiques repose sur les inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI) de troisième génération, la place des TKI et la séquence du traitement à adopter pour les mutations rares ne sont pas encore clairement établies. L’objectif de cette étude est de caractériser ces patients sur le plan clinique et thérapeutique.

Méthodes

Pour cette étude observationnelle rétrospective multicentrique, nous avons inclus tous les patients diagnostiqués d’un cancer bronchique tout stade confondu avec mutation de EGFR entre janvier 2013 et décembre 2022 dans trois hôpitaux de l’Est de la France (Strasbourg, Mulhouse et Colmar). Les données sociodémographiques, cliniques, les caractéristiques de la tumeur et les thérapeutiques employées ont été analysées.

Résultats

Des 568 patients diagnostiqués avec mutation de l’EGFR, 63 patients ont été identifiés avec une mutation rare et ont été divisés en 3 groupes: 30 OSUM (autres mutations ponctuelles), 20 ECM (mutations complexes définies comme l’association de 2 mutations de l’EGFR au sein d’une même pièce histologique) et 13 E20ID (insertion/duplication de l’exon 20). 68% étaient des femmes, 52,3% étaient des non-fumeurs et 75% avaient un PS1. Sur les 42 métastatiques d’emblée ou secondaires, 39 patients ont bénéficié d’une première ligne systémique. La survie globale (SG) médiane est de 21,2 mois [15,8–41,3; IC 95%] et la survie sans progression (SSP) médiane est de 6,7 mois [5,10–9,70; IC 95%]. Dans le groupe E20ID la SSP médiane obtenue sous chimiothérapie est meilleure avec 6,43 mois [5,93-NA; IC 95%] vs 2,10 mois sous ITK (p<0,001). Dans le groupe OSUM et ECM, la médiane de SSP est meilleure sous ITK avec respectivement de 6,73 mois [5,10-NA; IC 95%] et 9,28 mois [4,3-NA; IC 95%] sans différence statistiquement significative par rapport à ceux traités par chimiothérapie (respectivement 4,87 mois, p=0,53 et 7,73 mois, p=0,3). On ne retrouve pas de différence significative de SG entre les 3 groupes de mutations rares (p=0,59) (Figure 1).

Conclusion

Les patients présentant une ECM ou une OSUM semblent tirer un bénéfice en termes de survie sans progression en cas de première ligne par ITK mais sans se traduire par un gain de survie globale, alors que les patients présentant une E20ID semblent tirer d’avantage bénéfice de la chimiothérapie en première ligne. Aucun facteur pronostic n’a pu être mis en évidence et ce probablement du fait du faible nombre de patients par mutation et par sous-groupe. Cette étude conforte néanmoins dans l’idée que les mutations rares de l’EGFR bénéficient d’une meilleure survie globale que les CBNPC non mutés, rendant capitale pour le clinicien et le patient la recherche systématique de ces mutations.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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© 2023  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 16 - N° 1

P. 65 - janvier 2024 Retour au numéro
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