Visite à domicile du conseiller médical en environnement intérieur : une intervention à généraliser dans la prise en charge des pneumopathies d’hypersensibilité - 12/01/25
, C. Menigoz 1, C. Sagan 2, F. Corne 1, 3, A. Moui 1, C. Chaillou 1, E. Magois 4, C. Guibert 5, J. Provoost 6, C. Defrance 7, R. Liberge 7, V. Patarin 7, O. Morla 7, C. Kandel-Aznar 2, R. Habeau 1, A. Le Vilain 5, A. Cavailles 1, L. Cellerin 1, F.-X. Blanc 1Résumé |
Introduction |
L’identification d’une exposition antigénique est primordiale dans la prise en charge des patients porteurs d’une pneumopathie d’hypersensibilité (PHS). Il a été démontré que l’absence d’identification de l’antigène était un facteur de risque de décès. Or, l’antigène reste inconnu dans une trop grande proportion de cas (50 %) et l’évaluation environnementale du patient n’est à ce jour pas standardisée. Le recours à un audit du domicile par un conseiller médical en environnement intérieur (CMEI) tend à se développer mais reste encore trop peu évaluée.
Méthodes |
Étude monocentrique rétrospective réalisée dans un CHU chez les patients ayant bénéficié d’une cryobiopsie pulmonaire et pour lesquels un diagnostic de PHS fibrosante a été posé en discussion multidisciplinaire. Un interrogatoire détaillé a été réalisé par les cliniciens dans le bilan de pneumopathie interstitielle diffuse. Un audit du domicile a été effectué chez tous les patients par un CMEI, incluant une analyse macroscopique parfois complétée par des prélèvements par écouvillonnage ou par la pose de capteurs à membranes électrostatiques déposés pendant 4 semaines dans les pièces de vie.
Résultats |
Entre 2015 et 2022, 22 patients ont été recensés avec un âge médian de 69 ans. Dix patients étaient non-fumeurs. La CVF et la DLCO [médianes (écarts interquartiles)] étaient respectivement mesurées à 89 % (81–95) et 63 % (55–69) de la théorique. Les patterns scanographiques de diagnostic alternatif étaient décrits pour 9 patients et de pneumopathie interstitielle commune pour 8 patients. Le taux médian de lymphocytes dans le lavage bronchoalvéolaire était de 19 % (10–39). Les patterns histologiques étaient celui de PHS certaine pour 13 patients et de PHS probable pour 7 patients. Alors que l’interrogatoire ne retrouvait aucune exposition chez 45 % des patients, l’intervention du CMEI a permis d’identifier au moins un antigène dans 100 % des cas. L’audit du domicile par le CMEI a complété l’interrogatoire et augmenté le nombre d’antigènes identifiés chez 73 % des patients. Deux antigènes ont été identifiés chez 27 % des patients, trois antigènes chez 23 % des patients. De plus, le passage du CMEI a permis d’apporter des précisions sur l’exposition antigénique : moisissures (n=18), aviaire (n=9), jacuzzi (n=3), poussières de bois (n=5). 14 prélèvements ont été effectués par écouvillonnage et 3 capteurs à membrane électrostatique ont été analysés. Les patients étaient exposés à des moisissures dans 82 % des cas. Les moisissures étaient majoritairement représentées par Penicillium (56 %), Cladosporium (33 %), Alternaria (28 %) et 2 patients étaient exposés à des souches de Stachybotrys.
Conclusion |
L’anamnèse du patient reste insuffisante pour identifier une exposition à risque chez les patients atteints de PHS. Dans notre cohorte, la visite du domicile par un CMEI a permis de retrouver au moins une exposition à risque chez l’ensemble des patients. Au décours de cette étude pilote, une étude prospective multicentrique visant à mesurer l’apport diagnostique du CMEI dans l’identification et l’éviction d’antigènes pourvoyeurs de PHS a débuté. Les résultats pourraient amener à généraliser le recours à cette intervention encore trop peu accessible dans la prise en charge des PHS.
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Vol 17 - N° 1
P. 39 - janvier 2025 Retour au numéroDéjà abonné à cette revue ?


