Impact du traitement antifongique de la colonisation des voies aériennes à Candida albicans sur le développement d’une pneumopathie à Pseudomonas aeruginosa chez le rat - 04/02/09
L. Khoy-Ear (Travail réalisé sous la direction de J-D. Ricard et Damien Roux)
Voir les affiliationsIntroduction : Un travail précédent de l’Unité avait montré le rôle facilitateur d’une colonisation bronchopulmonaire à C. albicans sur l’émergence de pneumopathie à P. aeruginosa. Nous avons étudié l’influence de la durée cette colonisation, l’efficacité d’un traitement antifongique pour réduire cette colonisation et son impact sur l’incidence des pneumopathies à P. aeruginosa.
Matériels et méthodes : Nous avons instillé une faible quantité de P. aeruginosa chez des rats présentant ou non une colonisation à C. albicans de 24 ou 72 heures. L’amphothéricine B et le fluconazole par voie intrapéritonéale ont été testés. Puis nous avons comparé un groupe de rats colonisés non traités à un groupe traité. Les poumons des rats ont été évalués du point de vue macroscopique, microscopique et microbiologique. Des dosages pulmonaires d’IFN-gamma ont été effectués.
Résultats : En présence d’une colonisation bronchopulmonaire à C. albicans (qu’elle soit de 24 ou 72 heures) l’incidence de la pneumopathie à P. aeruginosa était plus grande que chez les animaux non colonisés, p < 0,05. L’amphotéricine B comme le fluconazole ont permis de diminuer la quantité de C. albicans présente dans les poumons (p < 0,01). Après instillation de P. aeruginosa, il existait une tendance nette à une diminution de l’incidence des pneumopathies dans le groupe colonisé à C. albicans et traité (15,6 %) par rapport au groupe non traité (31,25 %) (p = 0,14). La concentration pulmonaire d’IFN-gamma était statistiquement plus importante chez les animaux colonisés par C. albicans non traités que chez ceux recevant un traitement antifongique (p < 0,01). De plus, il existait une corrélation positive entre le nombre de C. albicans dans le poumon des rats colonisés (qu’ils aient été ou non traités) et la quantité d’IFN- gamma dans ces mêmes poumons (r2 = 0,57 ; p < 0,0001).
Discussion : Ce travail confirme le rôle facilitateur de la colonisation à C. albicans sur le développement d’une pneumopathie à P. aeruginosa. Cet effet pourrait être médié par l’IFNgamma qui diminuerait la phagocytose de P. aeruginosa par les macrophages comme cela vient d’être montré pour S. pneumoniae au cours de l’infection à pneumocoque post-virale. D’ailleurs, traiter cette colonisation diminue la quantité d’IFN, et tend à réduire le nombre de pneumopathie à P. aeruginosa.
Conclusion : Un traitement par amphotéricine B tend à entraîner une diminution de l’incidence de la pneumopathie à P. aeruginosa chez le rat colonisé par C. albicans. Ces résultats offrent des perspectives de recherche clinique en matière de prévention des pneumopathies acquises sous ventilation mécanique.
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