Cytologie de l’aspiration ou lavage bronchique lors des fibroscopies pour suspicion de tumeur maligne : un examen surestimé ? - 11/01/17

L’analyse cytologique du produit d’aspiration ou lavage dirigé prélevé pendant les fibroscopies bronchiques reste largement pratiquée, mais la valeur diagnostique de cette technique n’a pas été réévaluée récemment, dans un contexte de modifications épidémiologiques (augmentation de la prévalence des adénocarcinomes) et technologiques (disponibilité de l’échographie endobronchique [EBUS]). Dans la méta-analyse de Rivera et al. (ACCP guidelines, Chest 2013), la série la plus récente datait de 2003 et rapportait une sensibilité de 45 % parmi 78 patients.

Tous les résultats des examens cytologiques sur aspiration ou lavage bronchique dirigé réalisés entre mai 2011 et décembre 2014 dans notre institution ont été revus, ainsi que les comptes rendus d’endoscopie correspondants. Le diagnostic final de malignité a été établi sur l’ensemble des informations cyto- et histologiques disponibles (endoscopie et/ou biopsies sous scanner et/ou chirurgie).

Parmi 2824 fibroscopies, 667 ont conduit à un examen cytologique de l’aspiration ou lavage bronchique. Parmi ceux-ci, 474 prélèvements ont été réalisés pendant une endoscopie conventionnelle (n=366) ou EBUS (n=108) chez 455 patients porteurs de lésion(s) pulmonaire(s) maligne(s) prouvée(s) (19 patients ont eu 2 endoscopies successives pour le diagnostic des même lésions). Les adénocarcinomes primitifs (43,9 %) et les carcinomes épidermoïdes (25,2 %) représentaient les principaux types histologiques et 271 tumeurs (59,6 %) étaient visibles en endoscopie. Au moins un prélèvement (cytologie et/ou biopsies bronchiques et/ou EBUS) retrouvait du matériel tumoral au cours de 329 (69,4 %) des 474 endoscopies, dont 79 prélèvements obtenus sur des lésions non visibles en endoscopie. La cytologie bronchique s’est révélée positive (présence de cellules tumorales) lors de 67 examens seulement (sensibilité : 14,7 %, intervalle de confiance à 95 % : 11,8–18,3 %) et un seul prélèvement cytologique (0,2 %) a permis un diagnostic qui n’avait pas été obtenu par d’autres prélèvements (biopsies ou EBUS) réalisés pendant la même endoscopie.

La faible sensibilité (15 %) et la valeur ajoutée négligeable (0,2 %) de l’examen cytologique de l’aspiration ou lavage bronchique dans cette étude a conduit à un arrêt de ces prélèvements en routine, entraînant des économies substantielles de temps et de ressources pour le laboratoire. Des études similaires devraient être encouragées dans les centres ayant le même type d’expertise et de populations de patients.