Particularités socioprofessionnelles et cliniques de l’adénocarcinome pulmonaire primitif en Tunisie - 11/01/17

L’incidence de l’adénocarcinome pulmonaire primitif (APP) est en augmentation depuis une vingtaine d’années dans le monde. En Tunisie, cette augmentation a été rapportée, mais les données disponibles sur ce type de cancer restent parcellaires et insuffisantes pour établir des hypothèses explicatives quant à son émergence. Dans ce cadre, nous nous sommes proposé de décrire les caractéristiques socioprofessionnelles et cliniques des cas incidents de l’APP.

Il s’agit d’une étude prospective longitudinale réalisée sur une période de six mois en 2013 au centre hospitalo-universitaire Farhat Hached de Sousse, Tunisie. Tous les nouveaux cas d’APP hospitalisés au service de pneumologie ou se présentant à la consultation externe pendant la période d’étude étaient colligés. Le recueil des données était basé sur un questionnaire standardisé rempli par un médecin enquêteur. Les données recueillies étaient les caractéristiques sociodémographiques et professionnelles, les habitudes tabagiques et les caractéristiques cliniques.

Au total, 40 cas d’APP étaient colligés. L’âge moyen au moment du diagnostic était de 58,6±8,6 ans avec un sex-ratio=5,8. La majorité des patients étaient d’origine rurale (65,9 %). Un tabagisme actif était rapporté par 80,5 % des patient avec une consommation moyenne de 52,3±30,5 PA. Une consommation d’alcool était rapportée par 41,5 % des patients. Pour les caractéristiques médicales, la douleur thoracique était le signe d’appel le plus fréquent (53,7 %). Le poumon droit était atteint dans 53,7 % et aucune localisation proximale n’a été trouvée. La majorité des cas était diagnostiquée à un stade IV de la classification TNM (77,5 %). Au moins une métastase à distance était retrouvée dans 75,6 % des cas. Une résection chirurgicale a été pratiquée dans 14,6 % des cas. La survie au-delà de 12 mois était de 9,6 %. Concernant les caractéristiques professionnelles, la majorité des patients étaient des ouvriers (78,1 %) et travaillait dans le secteur de BTP, d’agriculture, d’hôtellerie ou de transport en commun (51,2 %, 46,3 %, 19,5 % et 14,6 % respectivement). Les principaux cancérogènes professionnels ou environnementaux auxquels étaient exposés les patients étaient les gaz d’échappement diesel (17,1 %), la silice cristalline (12,2 %) et la fumée de bois (7,3 %).

L’émergence des APP pourrait être expliquée en partie par des expositions professionnelles et environnementales. Des études analytiques devraient être menées pour vérifier cette hypothèse.