La trachéotomie est une technique connue depuis 3500 ans mais dont les indications changent du fait des progrès de la réanimation et de l’essor de la ventilation non invasive dans la prise en charge des insuffisants respiratoires. Peu d’études récentes ont évalué le pronostic à long terme de la trachéotomie chez les patients souffrant d’une pathologie respiratoire obstructive ou restrictive.
Nous avons réalisé une étude rétrospective sur une période de 20 ans (1997–2017) concernant 165 patients trachéotomisés au cours de leur séjour dans le service de pneumologie et réanimation respiratoire du CHU Amiens-Picardie. L’objectif principal était l’évaluation de la survie globale des patients. Les objectifs secondaires étaient : l’évaluation de la mortalité en réanimation et intra-hospitalière, l’analyse des complications liées à la trachéotomie et l’évaluation de la qualité de vie et de la dépendance respiratoire des patients.
Parmi les 165 patients, 73 (44,2 %) présentaient une insuffisance respiratoire chronique (35 obstructifs, 38 restrictifs dont 10 pathologies neuromusculaires). Cent trente-huit (83,6 %) patients sont décédés dont 61 (37 %) en intra-hospitalier. La médiane de survie était de 566jours. En analyse multivariée selon le modèle de Cox, 4 facteurs pronostiques étaient mis en évidence : l’existence d’une comorbidité cardiaque (OR=1,866 [1,255–2,783] ; p=0,002), l’âge supérieur à 70 ans (OR=1,831 [1,128–2,974] ; p=0,014) et l’existence d’une insuffisance respiratoire chronique obstructive (OR=1,552 [1,014–2,377] ; p=0,043) étaient significativement associés au risque de décès. L’existence d’une myopathie était significativement associée à un meilleur pronostic (OR=0,421 [0,184–0,963] ; p=0,041). Des complications respiratoires ou hémorragiques étaient retrouvées respectivement chez 31 (18,8 %) et 13 (7,9 %) patients. Quatre décès (2,4 %) étaient liés à ces complications. Parmi les 104 patients sortis vivants d’hospitalisation, le sevrage ventilatoire avait été obtenu chez 59 patients (56,7 %).
Nous avons mis en évidence 3 facteurs pronostiques péjoratifs (comorbidité cardiaque, âge supérieur à 70 ans et insuffisance respiratoire chronique obstructive) et 1 facteur protecteur (existence d’une myopathie) significativement associés à la survie à long terme des patients trachéotomisés. Le pronostic de ces patients reste sombre et l’amélioration de leur qualité de vie nécessite une prise en charge pluridisciplinaire.
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Publié par Elsevier Masson SAS.