Les registres internationaux rapportent jusqu’à 42 % des patients atteints de bronchectasies recevant des corticostéroïdes inhalés (CSI), couramment utilisés dans l’asthme. Leur utilisation chez les patients atteints de bronchectasies reste débattue. Le but de cette étude est d’étudier le profil des patients porteurs de bronchiectasies qui reçoivent des CSI à l’état stable et de déterminer leur rôle dans cette pathologie.
Il s’agit d’une étude rétrospective incluant des patients suivis pour bronchiectasies diffuses hospitalisés pour exacerbation (EA) au service de pneumologie de l’hôpital la Rabta, Tunis. Le diagnostic de bronchiectasies est confirmé par une tomodensitométrie thoracique. Les données démographiques, cliniques et évolutives sont obtenues à partir des dossiers. Deux groupes sont comparés : G1 : patients sous CSI et G2 : patients sans CSI.
Un total de 100 patients est inclus, dont 58 % hommes. L’âge moyen est de 60,1±14,57 ans. La consommation de tabac est notée chez 43 % avec une moyenne de 47,75 PA. Les CSI sont prescrit à l’état stable chez 34 % des patients (G1, n=34) dont 6 % en association avec des bronchodilatateurs longue durée d’action. Aucune différence d’âge ou de genre n’est observée entre les 2 groupes. Les patients du G1 ont plus de comorbidités (67,6 % vs 37,9 % ; p=0,011), plus de râles sibilants 47 % vs 27,3 % ; p=0,048. Les troubles ventilatoires sont plus fréquents dans G1 avec un TVO dans 57,1 % du G1 vs 34 %, p=0,055. Les EA sont plus sévères chez les patients du G1 avec un tableau d’insuffisance respiratoire aiguë dans 82,3 % des cas (p=0,034) et passage en unité de soins intensifs dans 23,5 % des cas vs 8,1 %, (p=0,034). A l’état stable, on ne retrouve pas de différence significative en termes de symptômes, notamment de dyspnée (58,8 % vs 54,5 %). Le nombre d’EA/an est aussi comparable. La valeur moyenne du VEMS et de la CFV est respectivement de 0,910 et 1,472 l dans G1 et 1,190 et 1,756 l dans G2 (p=0,02 ; 0,055). Le nombre de patients évoluant vers l’insuffisance respiratoire chronique (IRC) est comparable.
L’utilisation des CSI à l’état stable chez les patients porteurs de bronchectasies est assez fréquente notamment chez les patients ayant des comorbidités. Cette utilisation pourrait améliorer les symptômes, réduire les poussées et la dégradation de la fonction respiratoire. Des études randomisées contrôlées sont nécessaires pour mieux évaluer l’intérêt de la prescription des CSI chez cette population.
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Publié par Elsevier Masson SAS.