Implication du polymorphisme MUC5B du donneur et du receveur dans la dysfonction chronique du greffon pulmonaire - 12/01/23
Résumé |
Introduction |
La dysfonction chronique du greffon ou chronic lung allograft dysfunction (CLAD) représente la principale cause de mortalité après transplantation pulmonaire. Parmi les deux principaux phénotypes décrits, la forme restrictive est associée à un déclin fonctionnel plus rapide et un pronostic plus sombre. Les facteurs de risques menant à la survenue d’un CLAD sont méconnus, mais des travaux récents suggèrent l’implication de caractéristiques génétiques du donneur ou du receveur. La présence d’un polymorphisme s35705950, située dans la région promotrice du gène codant pour la mucine MUC5B, est présent chez 10–20 % de la population caucasienne. Ce polymorphisme est fortement associé à la survenue d’une fibrose pulmonaire idiopathique et est retrouvée chez près de 40 % de ces patients [1 ]. L’association entre polymorphisme MUC5B chez le donneur ou le receveur, et survenue d’un CLAD, n’a pas été étudiée, ni le lien avec une forme restrictive de dysfonction chronique.
Méthodes |
L’étude a inclus 263 couples donneurs/receveurs issus de la cohorte COLT, biobanque de patients transplantés pulmonaires. La recherche du polymorphisme Muc5B a été réalisée par qPCR avec une sonde spécifique du polymorphisme s35705950 (Applied Biosystem). Selon leur génotype, les patients ont été séparés en deux groupes selon la présence ou l’absence de l’allèle à risque s35705950 (« Homozygotes GG » ou « Hétérozygotes GT/Homozygotes TT »).
Résultats |
Au total, 263 paires donneurs/receveurs ont été analysés. La principale pathologie sous-jacente était une BPCO pour 112 patients (42,6 %) et 43 (16,4 %) avaient été transplantés pour pneumopathie interstitielle. Soixante-dix-neuf patients (30,0 %) ont présenté un CLAD dans les 5 ans de suivi. Dix-huit (6,8 %) avaient une forme restrictive de CLAD. La fréquence de survenue d’une forme restrictive était significativement supérieure dans le sous-groupe des patients transplantés pour pneumopathie interstitielle diffuse (14 % vs 6,5 %, p=0,041). La fréquence du polymorphisme MUC5B était de 11,9 % chez les donneurs et 11,8 % chez les receveurs. La fréquence était de 19 % dans le sous-groupe des patients transplantés pour pneumopathie interstitielle. La présence d’un polymorphisme MUC5B n’était pas associée à un surrisque de CLAD ni chez le donneur (38,2 % vs 27,7 %, p=0,13) ni chez le receveur (30,5 % vs 28,3 %, p=0,87), ni à une survenue plus précoce de CLAD. Nous n’avons pas mis en évidence d’association entre présence du polymorphisme MUC5B et survenue d’une forme restrictive, sur un effectif de petite taille.
Conclusion |
La présence d’un polymorphisme MUC5B chez le donneur ou chez le receveur n’était pas associée à la survenue d’une dysfonction chronique du greffon. Des investigations complémentaires sont nécessaires pour préciser les facteurs de risque de dysfonction chronique du greffon, et notamment la possibilité d’un terrain polygénique associé à un surrisque. D’autres investigations sont nécessaires pour identifier les facteurs de risques de survenue d’un CLAD et les mécanismes orientant vers une forme obstructive ou restrictive.
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