Numération formule sanguine et caractère progressif des pneumopathies interstitielles diffuses : quel lien ? - 09/01/24
Résumé |
Introduction |
Les pneumopathies interstitielles diffuses sont constituées d’un ensemble de processus pulmonaires parenchymateux diffus présentant des degrés variables de fibrose et d’inflammation. La physiopathologie qui conduit à la fibrose pulmonaire peut être commune à tous les sous-types de pneumopathie interstitielle. Malgré les progrès réalisés dans le traitement de la pneumopathie interstitielle, il reste difficile de prédire un phénotype progressif. L’objectif de notre étude était d’évaluer l’association entre les taux sanguins de monocytes, de neutrophiles et de lymphocytes (et leurs indices dérivés) et le déclin de la fonction pulmonaire, l’insuffisance respiratoire chronique et la mortalité dans les cas de pneumopathie interstitielle.
Méthodes |
Nous avons mené une étude rétrospective dans une cohorte de patients suivis pour une PID confirmée au service de pneumologie de l’hôpital de la Rabta, entre janvier 2018 et juillet 2023. L’association entre les monocytes sanguins, les neutrophiles, les lymphocytes, les plaquettes et leurs rapports dérivés, et le déclin de la capacité vitale forcée (CVF) et la mortalité toutes causes confondues a été évaluée à l’aide d’analyses de corrélation et de régression logistique. Les informations sociodémographiques, les caractéristiques cliniques et radiologiques ainsi que les résultats des tests sanguins ont été recueillis à partir des dossiers médicaux.
Résultats |
L’échantillon comprenait 102 patients, dont 51 (50 %) hommes et 51 (50 %) femmes. L’âge moyen était de 67,39 ± 10,71 ans. Parmi nos patients, 49 (48 %) étaient atteints de fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), 10 (15,6 %) souffraient d’une PID secondaire à une connectivite, 10 (9,8 %) d’une pneumopathie interstitielle non spécifique, 22 (21,8 %) d’une sarcoïdose pulmonaire et 1 (1 %) d’une pneumopathie d’hypersensibilité chronique (PHS). Les rapports éosinophiles/lymphocytes (ELR), le rapport monocytes/plaquettes (MLR) et le taux des monocytes étaient fortement corrélés à l’évolution vers l’insuffisance respiratoire chronique (r=0,216, p=0,005 ; r=0,369, p<10-3 et r=0,283, p=0,035 et r=0,358, p=0,043, respectivement). Les plaquettes, le volume plaquettaire moyen (VPM) et le MLR étaient significativement corrélés à la mortalité (r=0,241, p=0,016 ; r=0,350, p<10-3 et r=0,294, p=0,003, respectivement), alors que les lymphocytes étaient négativement corrélés à ce résultat (r=−0,282, p=0,005). Quarante (38,5 %) ont un déclin de la CVF de plus de 10 % par an. Le VPM était significativement plus élevé dans cette catégorie de patients [12,7 fl (11,7–13,01 fl) contre 7,7 fl (7,3–9,34 fl), p<10-3]. De façon remarquable, le VPM a amélioré l’aire sous la courbe ROC pour prédire un déclin de la CVF de plus de 10 % à une valeur seuil de 10,5 fl avec une sensibilité de 89 % et une spécificité de 80%.
Conclusion |
Cette étude a démontré que les tests sanguins de routine peuvent servir de biomarqueur utile et peu coûteux pour prédire une issue défavorable chez les patients ayant une pneumopathie interstitielle diffuse, quel que soit le sous-type sous-jacent. Une étude à plus large échelle, prospective et multicentrique est certes recommandée afin de confirmer ces constations.
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Vol 16 - N° 1
P. 148 - janvier 2024 Retour au numéroDéjà abonné à cette revue ?