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Les fumeurs atteints de bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) sont-ils des « fumeurs difficiles »? A propos de 3395 fumeurs suivis entre 1999 et 2020 - 09/01/24

Doi : 10.1016/j.rmra.2023.11.045 
J. Perriot , F. Marchandise, C. Valette, L. Dallard, D. Laime, E. Chapot
 Centre de tabacologie, CLAT 63, dispensaire Emile Roux, Clermont-Ferrand, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Ce travail a comparé trois populations de consultants pris en charge au dispensaire Emile Roux (Clermont-Ferrand, France) centre de tabacologie et CLAT 63 :

–fumeurs standards (population contrôle) ;

–fumeurs atteints de BPCO ;

–fumeurs « difficiles » définis par l’absence d’arrêt du tabac ou de motivation à l’arrêt, forte dépendance au tabac, troubles psychologiques, mésusage de substances psychoactives (SPA), précarité sociale.

L’objectif est de déterminer si les fumeurs atteints de BPCO sont à classer « fumeurs difficiles »?

Méthodes

Cette étude rétrospective s’est intéressée aux données anonymisées des dossiers de consultants entre le 01/01/1999 et le 31/12/2020 (n=3395 ; exhaustivité 85 %), séparées en trois groupes: fumeurs « standards » (n=2650), « avec BPCO » (n=745), « difficiles » (n=219). Les consultants bénéficiaient d’un bilan somatique incluant une EFR lors de la 1ère consultation. Les caractéristiques sociologiques des patients, du tabagisme, du sevrage et des résultats au 6e mois sont étudiés. Utilisation du logiciel SPSS, analyse statistique, seuil de significativité fixé à 5 %.

Résultats

Les « fumeurs avec BPCO » vs (« fumeurs standards ») sont plus âgés (p=0,001), plus souvent des hommes (p=0,001), la dépendance à la cigarette (FTCD) est plus élevée (p<0,05), les antécédents pathologiques et les troubles anxieux ou dépressifs (HAD) actuels plus fréquents (p=0,001), une faible motivation à l’arrêt du tabac (Richmond <7) est plus commune (p<0,05). Le sevrage tabagique retient un soutien motivationnel pour tous les fumeurs; 17,4 % des fumeurs atteints de BPCO participent à un programme d’ETP dédié. Chez ces fumeurs, comparativement aux « fumeurs standard », le recours à la varénicline est plus fréquent (64,5 vs 14,5 %; p=0,001), les substituts nicotiniques sont moins souvent utilisés (67,5 % vs 90,5 %; p=0,001); le recours aux antidépresseurs est plus fréquent (p<0,05). Le taux d’arrêt au 6e mois est moins élevé chez les fumeurs avec BPCO (29,6 vs 35,8 %; p<0,05). Les « fumeurs difficiles » vs (« fumeurs avec BPCO »), ne présentent pas de différence (NS) concernant: âge, consommation de tabac, antécédents de pathologies somatiques autre que la BPCO. En revanche, ce sont plus souvent des hommes (p<0,05), ils n’ont pas tenté l’arrêt du tabac et sont peu motivé au sevrage (Richmond <7; p=0,001), les troubles anxieux ou dépressifs, le mésusage de SPA, la précarité sociale sont plus fréquents (p=0,001). Le diagnostic de BPCO est habituel (n=181; 82,6 %). Le sevrage est identique à celui des « fumeurs avec BPCO », hormis un recours plus fréquent aux antidépresseurs (p=0,001). Le taux d’arrêt au 6e mois chez les fumeurs « difficiles » ou « avec BPCO » (25,4 % vs 29,6 % p=NS) est similaire.

Conclusion

Les « fumeurs difficiles » présentent souvent une BPCO mais Ils se distinguent « des fumeurs avec BPCO » tels que définis dans l’étude par l’absence de motivation à l’arrêt, la grande fréquence des troubles anxieux, dépressifs, addictifs, sociaux. La prise en charge du sevrage doit être renforcée. Le recours à la vapoteuse en usage exclusif peut représenter une alternative chez ces fumeurs qui continuent à fumer en dépit de l’aide apportée dans l’arrêt du tabac.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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© 2023  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 16 - N° 1

P. 28-29 - janvier 2024 Retour au numéro
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