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Perte de contrôle de l’asthme après switch d’un anti-IL5/5R vers le dupilumab dans l’asthme éosinophilique sévère: une série de 20 cas - 09/01/24

Doi : 10.1016/j.rmra.2023.11.091 
C. Poisson 1, 2, , C. Chenivesse 3, 4, 12, E. Cuvillon 3, 4, C. Barnig 5, 6, 12, C. Clarot 7, C. Dupin 10, G. Mangiapan 8, C. Rolland-Debord 9, P. Bonniaud 1, 2, 12, C. Taillé 10, 11, 12
1 Service de pneumologie et soins intensifs respiratoires, CHU de Bourgogne, Dijon, France 
2 INSERM U1231, Université de Bourgogne-Franche Comté, Dijon, France 
3 Service de pneumologie et immuno-allergologie, CHU de Lille, Lille, France 
4 U1019 - UMR8204 - CIIL, Inserm, Lille, France 
5 INSERM, EFS BFC, LabEx LipSTIC, UMR1098, University Bourgogne Franche-Comté, Besançon, France 
6 Service de Pneumologie, CHU Besançon, Besançon, France 
7 Service de pneumologie, centre hospitalier d’Abbeville, Abbeville, France 
8 Service de pneumologie, centre hospitalier intercommunal de Créteil, France 
9 Service de pneumologie, CHU Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand, France 
10 Service de Pneumologie et Centre de référence des Maladies Pulmonaires Rares, Hôpital Bichat, CHU nord-AP–HP, Paris, France 
11 UMR 1152, université Paris Cité, Paris, France 
12 INSERM, F-CRIN, Clinical Research Initiative In Severe Asthma: a Lever for Innovation &Science (CRISALIS), Toulouse, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Dans l’asthme sévère (AS), la conduite à tenir en cas de réponse clinique insuffisante à une biothérapie est peu codifiée, alors que cela représente le principal motif d’arrêt ou de changement. Récemment, il a été décrit des cas de complications respiratoires et systémiques sévères après passage d’un anti-IL5 ou IL5R au dupilumab, associées à une hyperéosinophilie sanguine (HE) [1].

Méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique française menée entre 2021 à 2023, colligeant les patients traités par mépolizumab ou benralizumab pour un AS et ayant présenté une aggravation des symptômes de l’asthme après switch pour le dupilumab.

Résultats

Vingt patients ont été inclus (11 femmes, âge moyen 54 ans). Le motif du changement de traitement était un contrôle insuffisant de l’AS chez 16 patients et un contrôle insuffisant de la polypose nasale (PN) chez 4. Tous ont rapporté des exacerbations d’asthme répétées après initiation du dupilumab, avec une sévérité moindre dans le groupe PN où le principal symptôme était une toux sèche incoercible. 85% des événements sont survenus dans les 6 mois suivants le switch, dans les 3 mois pour 50% d’entre eux. Les symptômes ont été associés à une HE chez tous les patients, supérieure à 1000/mm3dans 16/20 cas. Un scanner thoracique a été réalisé chez 13/20 patients au moment d’une exacerbation, avec, pour X, des opacités en verre dépoli diffuses et/ou un épaississement pariétal bronchique important. Deux patients avaient un antécédent de GEPA. Une rechute a été retenue pour l’un d’eux lors de l’évènement avec des lésions de vascularite sur la biopsie nasale. Un diagnostic de GEPA a été posé pour 1 patient après switch vers dupilumab sur la base de la présence d’ANCA (MPO) et d’opacités en verre dépoli au scanner. Tous les patients ont reçu des corticostéroïdes oraux (CSO) de façon répétée ou continue pour 10 d’entre eux dont 8 avaient pu être sevrés sous anti IL5/5R. Parmi les 16 patients dont le motif de switch était l’asthme, le dupilumab a été arrêté chez 12 du fait de la sévérité des symptômes ou d’exacerbations répétées nécessitant des CSO en continu, maintenu chez 2 et associé à un anti-IL5/5R pour 2. Les patients ayant switché en raison de la PN n’ont pas nécessité de CSO continu et, 3/4 ont continué le dupilumab, avec une amélioration progressive des symptômes.

Conclusion

Le passage d’un anti IL5/5R au dupilumab semble représenter chez certains patients une période à risque d’exacerbations répétées de l’asthme associées à une HE. La prudence semble donc de mise lors de l’initiation du dupilumab après échec d’un anti-IL5/IL5R, avec une attention particulière concernant le démasquage/rechute d’une EGPA. Les symptômes semblent moins importants lorsque le switch est motivé par la PN.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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© 2023  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 16 - N° 1

P. 55-56 - janvier 2024 Retour au numéro
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