Statut clinique et fonctionnel respiratoire d’enfants exposés à la combustion de biomasse en milieu urbain à Abidjan, Côte d’Ivoire – étude APIMAMA Kids - 12/01/25
, S. Adjoua Dje 2, C. Liousse 3, F. Dick Amon Tanoh 2, M. Doumbia 4, S. Gnamien 5, M. Yapo 5, M. Fayon 6, V. Yoboue 5, O. Marcy 1Résumé |
Introduction |
La pollution de l’air intérieure par la combustion de biomasse, responsable de 3,2 millions de décès prématurés par an selon l’OMS, est particulièrement importante dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. La pollution de l’air peut impacter le développement et la croissance pulmonaire des enfants. L’objectif de cette étude était d’évaluer la prévalence des symptômes et des troubles fonctionnels respiratoires (TFR) chez des enfants<16 ans, exposés à la pollution de l’air par combustion de biomasse du fait des activités maternelles domestiques et professionnelles en milieu urbain défavorisé, à Abidjan.
Méthodes |
De février à décembre 2023, nous avons réalisé une étude transversale évaluant le statut clinique et fonctionnel respiratoire des enfants de femmes utilisant du charbon de bois pour la cuisson domestique [groupe 1 (G1)] et de femmes menant des activités commerciales de fumage de poisson avec du charbon de bois et du bois brut (G2), incluses dans le projet APIMAMA (ANR 2022–2026, apimama.org/), et d’un groupe contrôle d’enfants de femmes utilisatrices de gaz pour la cuisine domestique (G3). Nous avons collecté des données sur les caractéristiques du milieu de vie, les symptômes respiratoires (questionnaire ISAAC), et la fonction respiratoire des enfants (spirométrie et rint). Les caractéristiques des différents groupes ont été décrites et comparés par des tests statistiques appropriés (Chi2, Fisher).
Résultats |
Nous avons inclus 210 enfants – âge médian 9 (EIQ : 6–12) ans, 119 (56,8 %) filles – issus de 86 familles, dont 82 enfants du G1, 48 enfants du G2, et 81 enfants du G3, vivant tous à Yopougon, une commune défavorisée d’Abidjan. Sur 85 habitations, 72 (84,7 %) étaient constituées d’une à deux pièces, 20 (23,5 %) présentaient une cuisine intérieure et 69 (81,1 %) avaient au moins une fenêtre. Sur 210 enfants inclus, 15 (7,1 %) ont reporté des sifflements respiratoires dans la poitrine les 12 derniers mois [6 (7,3 %), 4 (8,5 %) et 5 (6,2 %) dans les G1, G2 et G3, respectivement (p=0,94)], 9 (4,3 %) une crise d’asthme [3 (3,7 %), 2 (4,2 %), 4 (4,9 %) dans le G1, G2 et G3 (p=0,91)], et 82 (39,0 %) une toux sèche nocturne les 12 derniers [49 (59,8 %), 9 (19,1 %) et 24 (29,6 %) dans le G1, G2 et G3 (p<0,001)]. Sur 180 enfants avec spirométrie ou rint, 61 (33,9 %) présentaient un TFR [35 (46,7 %), 8 (22,2 %) et 18 (26,1 %) dans le G1, G2 et G3 (p=0,009)], dont 20 (12,7 %) TFR obstructifs réversibles à la spirométrie [10 (15,4%), 3 (9,8%) et 7 (11,7%) dans le G1, G2 et G3 (p=0,71)], 23 (14,6%) TFR obstructifs non réversibles [14 (21,5%), 5 (15,6%) et 4 (6,7%) dans le G1, G2 et G3 (p=0,054)], et 16 (10,2 %) TFR restrictifs [10 (15,4 %), 0, et 6 (10,0 %) dans le G1, G2 et G3 (p=0,045)].
Conclusion |
La prévalence des symptômes et des TFR évocateurs de l’asthme est importante chez les enfants exposés à la combustion de biomasse, notamment ceux dont les mères cuisinent au charbon de bois à domicile. Des interventions de sensibilisation ciblées auprès des mamans pour réduire la pollution de l’air intérieur (et extérieur), dans les zones urbaines défavorisées sont nécessaires afin de préserver l’état respiratoire de ces enfants.
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Vol 17 - N° 1
P. 124-125 - janvier 2025 Retour au numéroDéjà abonné à cette revue ?


