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Quels sont les objectifs du suivi post-professionnel, les bénéfices attendus et les risques possibles ? Objectifs médicaux en termes de morbidité, mortalité et qualité de vie - 09/12/11

Doi : 10.1016/j.rmr.2011.06.015 
J.-C. Dalphin
UMR CNRS 6249 chrono-environnement, service de pneumologie, hôpital Jean-Minjoz, université de Franche-Comté, CHU de Besançon, 3, boulevard Alexandre-Fleming, 25030 Besançon cedex, France 

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Résumé

Le suivi post-professionnel après exposition à l’amiante (SPPA) est susceptible d’apporter aux sujets concernés des bénéfices : (1) individuels, à la fois médicaux, par le dépistage des maladies liées à l’amiante, et sociaux par la prise en charge au titre des maladies professionnelles et/ou la réparation par le Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA) ; (2) collectifs, par la mise en place d’une surveillance épidémiologique (suivi de cohortes) à même d’évaluer l’impact du SPPA en termes de bénéfices de santé et d’indemnisation. Les atteintes respiratoires liées à l’amiante sont : les cancers (mésothéliome pleural malin primitif et cancers bronchiques primitifs [CBP]), la fibrose pulmonaire induite par l’amiante (asbestose) et les atteintes pleurales (plaques pleurales, fibrose de la plèvre viscérale et pleurésie bénigne). Compte tenu des données actuellement disponibles et de la performance des outils qui peuvent être utilisés, l’intérêt médical et de Santé publique d’un dépistage du mésothéliome n’est pas démontré. Le diagnostic des CBP à un stade précoce est théoriquement susceptible d’améliorer le pronostic des sujets dépistés, notamment par l’identification tomodensitométrique de stades I (nodules pulmonaires). Celle-ci est fréquente mais induit un nombre élevé de faux-positifs. Dans l’attente des résultats de plusieurs essais randomisés internationaux, l’intérêt d’un programme de dépistage du CBP dans une population à risque n’est pas démontré. Il n’y a pas de traitement efficace de l’asbestose. Mais celle-ci est un facteur de risque indépendant de CBP. Elle témoigne également d’une exposition forte à l’amiante. Le sevrage tabagique chez les sujets atteints d’asbestose est ainsi susceptible de diminuer l’incidence de CBP. Il n’y a pas de traitement efficace des atteintes pleurales bénignes, mais celles-ci peuvent constituer un marqueur d’exposition à l’amiante. La présence de plaques pleurales n’est pas un facteur étiologique démontré des cancers thoraciques. Le SPPA est susceptible d’entraîner des risques pour la santé : notamment irradiations répétées et gestes invasifs liés aux procédures diagnostiques et de suivi. Il doit également considérer les conséquences psychologiques inhérentes à tout programme de dépistage. En conclusion, le SPPA peut être à même de réduire la mortalité par CBP par le dépistage de formes localisées de CBP et son incidence par la mise en place d’un programme ciblé de sevrage tabagique. Ces bénéfices théoriques, qui ne sont pour l’instant pas démontrés, sont à mettre en perspective avec les risques pour la santé et les risques psychologiques, liés à la fois au dépistage et à la procédure diagnostique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

The follow-up of workers occupationally exposed to asbestos has two possible beneficial effects: (1) individually, both medical by screening for diseases related to asbestos and social by notification of occupational disease and/or compensation from the indemnity funds for asbestos victims; (2) collectively, by the establishment of epidemiological surveillance (follow-up of cohorts) and evaluation of the impact of follow-up in terms of health benefits and compensation. The respiratory disorders related to asbestos are: cancer (malignant pleural mesothelioma and bronchial carcinoma), asbestos-related pulmonary fibrosis, and pleural disease (plaques, pleural fibrosis and benign pleurisy). In the light of the data currently available and the effectiveness of the tools used, medical and public health benefits of screening for mesothelioma have not been demonstrated. The early diagnosis of primary bronchial carcinoma can theoretically improve the prognosis of the subjects screened, particularly by identification of stage I disease on CT (pulmonary nodules). This is a common finding but there are a large number of false-positives. While we await the results of several international randomised trials, the benefits of a screening programme for bronchial carcinoma in the population at risk have not been demonstrated. There is no effective treatment for asbestosis but this is an independent risk factor for bronchial carcinoma and it is evidence of heavy asbestos exposure. Stopping smoking in subjects suffering from asbestosis will reduce the incidence of bronchial carcinoma. There is no effective treatment for asbestos-related benign pleural diseases but these are markers of exposure. The presence of pleural plaques has not been shown to be an aetiological factor for thoracic cancers. Post-occupational follow-up may involve risks to health, particularly repeated irradiation and invasive diagnostic procedures. It is also necessary to consider the psychological consequences inherent in all screening programmes. In conclusion, post-occupational follow-up might reduce the mortality of lung cancer by screening for localised disease and its incidence by a targeted anti-smoking programme. The theoretical benefits, that have not yet been demonstrated, have to be seen in perspective with the risks to physical and psychological health related to both screening and diagnostic procedures.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Dépistage, Bénéfices, Risques, Maladies respiratoires, Cancer bronchique, Amiante

Keywords : Screening, Benefits, Risks, Respiratory diseases, Lung cancer, Asbestos


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 Nous remercions la Haute Autorité de santé de nous avoir autorisés à reproduire ce texte. Il est également consultable sur le site www.has-sante.fr/ rubrique « Toutes nos publications ».


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Vol 28 - N° 10

P. 1230-1240 - décembre 2011 Retour au numéro
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