Travail réalisé sous la direction de V. Prulière Escabasse.
La pathologie pulmonaire dans la mucoviscidose est liée à la déshydratation du liquide de surface induite par la levée d’inhibition du canal chlorure CFTR sur le canal ENaC. Le diagnostic de mucoviscidose repose actuellement sur l’association d’une atteinte sino-pulmonaire avec la découverte de deux mutations du gène CFTR et/ou un test de la sueur positif (>60mmol/L). Un nombre important de patients atteints de formes atypiques de mucoviscidose (pathologie sino-pulmonaire, une seule mutation du gène CFTR et/ou un test de la sueur intermédiaire entre 30 et 60mmol/L) ne sont pas dépistés par ces techniques et s’avèrent secondairement être d’authentiques cas de mucoviscidose. Actuellement, la mesure de la différence de potentiel nasal in vivo (DPN), qui évalue le transport de chlore dans l’épithélium nasal, est proposée pour le diagnostic de ces formes atypiques. Cependant la DPN, dépendante des conditions locales au moment de l’analyse et de la compliance du patient, n’offre pas toujours la possibilité de conclure au diagnostic de mucoviscidose.
Établir un nouveau test pour le diagnostic des formes atypiques de mucoviscidose en analysant les transports ioniques de cellules épithéliales nasales (CENH) récupérées par brossage nasal.
Trois groupes de patients ont été comparés : mucoviscidose (n=6), mucoviscidose atypique (n=5) et témoins (n=7). Les CENH ont été cultivées en interface air-liquide et analysées à j15 afin de mesurer en courant de court-circuit : le courant basal, le courant amiloride sensible et le courant AMP cyclique dépendant. Les résultats en courant de court-circuit ont ensuite été comparés à ceux de la DPN pour les patients atteints de mucoviscidose atypique. La différenciation des cultures primaires a été analysée à l’aide de marquages immunohistochimiques.
Les cultures primaires issues de CENH récoltées par brossage reproduisent un épithélium différencié (cilié et sécrétoire) exprimant la protéine CFTR à l’apex des cellules. Les résultats du courant de court-circuit montrent que le courant AMP cyclique dépendant est significativement diminué chez les patients atypiques par rapport aux témoins et est équivalent aux valeurs des patients atteints de mucoviscidose. À l’inverse le courant amiloride sensible chez les patients atypiques est comparable aux sujets témoins. La mesure de la DPN chez les patients atypiques retrouve le même défaut de transport de chlore sans anomalie du transport de sodium.
Cette étude montre que l’analyse des transports ioniques dans les cultures primaires de CENH prélevées par brossage nasal est un test reproductible et fiable pour le diagnostic de la mucoviscidose, particulièrement chez les patients au profil atypique. Ce modèle de culture et d’analyse des transports ioniques à partir de brossages ouvre la perspective de tester de nouvelles molécules visant à corriger le défaut de fonction de CFTR.
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© 2014
Publié par Elsevier Masson SAS.