La lutte anti-tabac est une priorité de santé publique au Burkina Faso. Dans cette optique, une unité de sevrage tabagique vient d’être créée à Ouagadougou et rattachée au service de pneumologie du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO). Elle a ouvert officiellement ses portes le 5 mai 2017. Ce travail vise à étudier le devenir des tabagiques ayant bénéficié des prestations de ladite unité.
Il s’agit d’une étude de cohorte rétrospective à visée descriptive et analytique, déroulée à l’unité de sevrage tabagique de Ouagadougou (USTO) du 5 mai 2017 au 4 mai 2020. Tous les consommateurs de tabac sous forme fumée reçus en consultation d’aide au sevrage tabagique ont été concernés. La collecte des données a été faite à partir des « dossiers de consultation de tabacologie », complétée par des entretiens téléphoniques (appel et message) des patients eux-mêmes ou de leurs proches.
Un total de 250 fumeurs sur 902 consommateurs de tabac reçus a été colligé. La moyenne d’âge de ces fumeurs était de 38,35±13,39 ans avec des extrêmes de 15 et 77 ans. Les hommes représentaient 97,20 % (243/250) de l’effectif. Un niveau équivalent au supérieur était retrouvé chez 40,00 % (100/250) d’entre eux. L’âge d’initiation au tabac était en moyenne de 18,09±3,75 ans [8–31 ans]. La durée moyenne du tabagisme était de 20,30±13,29 ans [1–56 ans]. Le nombre moyen de bâtons fumés par jour était de 16,97±12,24 bâtons [3–87 bâtons]. Le test de Fagerström révélait que 48 % (120/250) des fumeurs avaient une dépendance moyenne à la nicotine. Un syndrome dépressif était retrouvé chez 38,00 % (95/250) et une anxiété chez 32,00 % (80/250) d’entre eux (échelle HAD). Parmi ces fumeurs, 227/250 (90,80 %) avait une bonne, voire une très bonne motivation à arrêter la consommation du tabac (échelle de Richmond). L’association d’un dispositif transdermique et d’une gomme et/ou une pastille était prescrite chez 40,80 % (102/250) des fumeurs, en plus d’une thérapie comportementale au sein de l’USTO chez 55/250 (22,00 %). Huit (8/250 ; 3,20 %) étaient orientés vers un psychiatre. Dans cette étude, 42,00 % (105/250) des participants ont pu arrêter de fumer. Cet arrêt était statistiquement associé au niveau de dépendance nicotinique (p=0,04). Une rechute a été notée chez 72/250 (28,80 %) de ces fumeurs. Les raisons de cette rechute étaient surtout relatives au coût des substituts nicotiniques (45/72 ; 62,50 %) et la persistance du syndrome de manque malgré une substitution nicotinique bien conduite (10/72 ; 13,88 %). Cette rechute était statistiquement associée au niveau de dépendance nicotinique (p=0,01).
Cette étude a permis d’apprécier l’impact de l’offre d’aide au sevrage tabagique sur les fumeurs reçus dans cette nouvelle unité de sevrage tabagique. Le taux de sevrage pourrait être amélioré si les substituts nicotiniques étaient financièrement plus accessibles.
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Publicado por Elsevier Masson SAS.