II est habituel d’incriminer les effets indésirables locaux des corticoïdes inhalés dans la survenue de la dysphonie chez les asthmatiques. Cependant, la dysphonie chez les asthmatiques pourrait ne pas être organique. L’objectif de cette étude prospective est d’évaluer les étiologies de la dysphonie survenant chez les femmes ayant un asthme persistant traité par corticoïdes inhalés.
Des patientes âgées de 18 à 65ans traitées pour un asthme persistant par des corticostéroïdes inhalés ont été recrutées dans le service pneumologie et comparées à des témoins non asthmatiques. Les sujets avec un tabagisme supérieur à 5 paquets–années, un reflux gastro-œsophagien symptomatique, une obésité, un antécédent de chirurgie laryngée ou une lésion organique des cordes vocales non attribuée à une complication due au forçage vocal ont été exclus. La dysphonie a été évaluée par les tests suivants : l’indice de handicap vocal (VHI), l’échelle GRBAS, le quotient phonatoire, la fondamentale laryngée et l’examen vidéo-laryngostroboscopie. Une dysphonie a été définie par un VHI supérieur à 18 et/ou une valeur égale ou supérieure à 2 sur l’échelle GRBAS.
Au total, 70 asthmatiques et 53 témoins ont été recrutées. Dans le groupe asthmatique, 61 % avaient une dysphonie versus 11 %. Parmi les patientes asthmatiques dysphoniques, 86 % avaient une dysphonie dysfonctionnelle à la vidéo-laryngoscopie. Une inflammation des cordes vocales a été retrouvée chez 3 patientes asthmatiques avec une dysphonie. Aucune patiente asthmatique n’avait de mycose des cordes vocales. Aucun lien a été retrouvé entre la dysphonie et le VEMS, les doses corticoïdes inhalés et la combinaison LABA/CSI.
Pour la 1re fois, nous avons démontré que la dysphonie survenant chez les femmes asthmatiques traitées par corticoïdes inhalés était principalement due à un mécanisme fonctionnel, et non pas la conséquence de lésions organiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
© 2016
Publié par Elsevier Masson SAS.