Les pneumopathies interstitielles diffuses (PID) représentent un groupe hétérogène de maladies dont certaines sont caractérisées par la présence d’une fibrose évolutive et mutilante. Elles sont connues pour représenter un facteur de risque indépendant de cancer primitif bronchique dont le mécanisme physiopathologique est mal connu et la prise en charge thérapeutique complexe. Notre objectif est d’apporter la description d’une cohorte de patients présentant un cancer broncho-pulmonaire compliquant une PID fibrosante et d’en caractériser le profil moléculaire.
L’étude Fibro-K est une étude de cohorte, monocentrique, réalisée au CHU de Toulouse, incluant des patients présentant un cancer broncho-pulmonaire associé à une PID fibrosante préexistante ou synchrone. Les données cliniques ont été analysées de façon rétrospective. Une analyse immunohistochimique (PD-L1, CD8) et moléculaire par séquençage à « haut débit » (FoundationOne®CDx, Foundation Medicine Inc) a été réalisée sur le matériel tumoral archivé. La base de données Reactome a permis l’analyse des voies de signalisation moléculaires impactées.
Quarante-neuf patients ont été analysés. L’histologie la plus représentée était l’adénocarcinome (65.3 %), suivi du carcinome épidermoïde (30.6 %). Il existait une majorité de fibroses pulmonaires idiopathiques (30.6 %) et de PID associées aux connectivites (22.4 %), notamment à la sclérodermie. L’aspect scanographique de pneumopathie interstitielle commune dominait. Une proportion importante de stades tumoraux précoces était observée et la réponse aux traitements était comparable aux données de population générale mais avec une survie inférieure (34.5 mois pour les stades localisés et 11.2 mois pour les stades métastatiques). La principale cause de mortalité était une complication évolutive du cancer. L’étude immunohistochimique réalisée chez 28 patients retrouvait une expression de PD-L1 faible (0 %) à intermédiaire (1–49 %). La charge mutationnelle était basse dans 69.2 % des cas et le statut microsatellitaire stable dans 100 % des cas sur 14 prélèvements tumoraux éligibles à une analyse moléculaire. Le génotypage de ces échantillons montrait une atteinte fréquente du gène TP53 et l’implication de voies de signalisation communes avec les processus fibrosants telles que TGFβ et PI3K/AKT.
Ces observations suggèrent un continuum dans le développement de la fibrose vers le cancer et peuvent être la base de stratégies thérapeutiques spécifiques.
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Publié par Elsevier Masson SAS.