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La réduction de risque en tabacologie - 18/04/08

Doi : RMR-09-2006-23-SUP4-0761-8425-101019-20064115 

Y. Martinet [1, 2 et 3],

A. Bohadana [1 et 4],

N. Wirth [1],

A. Spinosa [1],

E. Béguinot [2]

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Introduction

La cigarette est le mode le plus efficace et le plus dangereux de consommation de nicotine. Aussi, est-il légitime de réfléchir sur la possibilité d'autres modes d'administration de la nicotine que la cigarette. La Réduction de Risque (RR) est fondée sur le concept suivant : la réduction et/ou la modification de consommation de nicotine avec auto-administration d'une nicotine « plus propre » que celle procurée par la fumée de cigarette peut se traduire par une réduction de l'ensemble de la morbidité et de la mortalité associées à la consommation de tabac. La réduction des risques est une des mesures parmi d'autres mises en œuvre pour limiter la nocivité du tabac : interdiction de la publicité, augmentation des taxes sur la vente du tabac, protection des non-fumeurs, éducation et information, aide à l'arrêt du tabac.

État des connaissances

Le concept de RR n'est pas nouveau en tabacologie. Il y a une trentaine d'années, dans un objectif de RR, de nombreux médecins et autorités sanitaires ont recommandé l'utilisation de filtres et la consommation de cigarettes « légères ». Ces recommandations ont débouché sur un échec sanitaire.

Plus récemment, certains substituts nicotiniques ont reçu, une extension d'AMM dans le cadre d'une stratégie de réduction du tabagisme ; l'objectif est, dans un premier temps, une réduction du nombre de cigarettes fumées puis, dans un deuxième temps, un arrêt souhaité de toute consommation de tabac. Cette stratégie doit être prudente, compte tenu de la notion classique du risque de cancer du poumon qui dépend plus du nombre d'années de tabagisme que du nombre de cigarettes fumées.

Le snus est une variété de tabac oral consommée de façon populaire en Suède et en Norvège. La faible incidence de cancers du poumon observée chez les hommes suédois est connue sous le nom d'« Expérience suédoise » ; ce faible taux serait lié à la consommation préférentielle de snus (vs cigarettes) par les hommes en Suède. Bien que le risque global de cancer induit par la consommation de snus soit relativement bas, à la fois du fait de son mode de fabrication et de son mode de consommation, l'éventuelle recommandation de son usage ne va pas sans poser de difficiles problèmes sanitaires légaux et éthiques.

Perspectives

La mise en évidence d'une RR quantifiable est la question fondamentale ; les interrogations principales sont les suivantes : quels sont les risques globaux pour la santé liés à l'usage de chaque présentation du tabac vs celui de cigarettes ? La réduction ou l'arrêt de la consommation de cigarettes en utilisant une autre présentation du tabac est-elle tenable sur le long terme ? Cette modification de consommation s'accompagnera-t-elle d'une RR pour le fumeur, voire pour son entourage ? Une difficulté majeure est liée au fait que les principaux effets néfastes liés à la consommation du tabac ne sont observables qu'après un long usage (10-20 ans).

Conclusions

Afin de répondre à l'ensemble de ces questions, des observations prospectives, sur des délais relativement longs seraient souhaitables

Les compagnies cigarettières exerçant une pression majeure en fabriquant et proposant de nouveaux modes d'administration de nicotine, il devient urgent, pour la communauté scientifique, de réfléchir à cette question.

Risk reduction strategies in smoking

Introduction

Around the world, due to its high efficiency in delivering nicotine, cigarette is, by far, the first device used to consume tobacco. But, as far as health is concerned, cigarette is the worst nicotine delivery system and cleaner delivery systems would be welcome. In respect to tobacco smoking, up to now, most doctors have supported the “quit smoking or die” dogma. However, some smokers cannot or do not want to completely give up the consumption of nicotine.

Background

Indeed, while some smokers can stop smoking and, for some of them, simply switch to a nicotine replacement therapy (NRT), other smokers crave the acute effects associated with the rapid massive surge of nicotine delivered to the brain by tobacco smoke. Currently, this rapid nicotine “high” is mainly experienced by smoking cigarettes, thus explaining the high rate of smoking relapse.

Viewpoint

Thus, for smokers who cannot totally give up nicotine, it is sound to evaluate the rationale for the use of tobacco products with possible lower toxicity than cigarette smoke.

Conclusions

Unfortunately, this important question triggers off passionate statements, while scientific and experimental observations are still very tenuous. Furthermore, the tobacco companies, by producing new tobacco products and promoting the use of smokeless tobacco such as snus, put a constant pressure on the Public Health community.


Mots clés : Réduction de risque , Tabac , Tabagisme , Substituts nicotiniques

Keywords: Risk reduction strategies , Tobacco , Tobbaco smoking , Consumption of nicotine


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Vol 23 - N° SUP4

P. 109-118 - septembre 2006 Retour au numéro
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