La pandémie COVID-19 a significativement changé l’organisation des services de pneumologie dans notre pays. Parmi les pathologies thoraciques les plus impactées, les cancers bronchopulmonaires, l’effet réel de la COVID-19 sur les patients est encore mal cerné.
Étude rétrospective sur dossiers de cent (100) patients atteints de cancer bronchopulmonaires qui ont été infectés par une infection à SARS-CoV-2 (RT-PCR positive) durant la période du COVID-19 (du 01/04/2020 jusqu’au 01/09/2022). Cadre de l’étude : service de pneumologie, hôpital Mohammed Seghir El Nekkache, université d’Alger. L’objectif de notre étude est d’évaluer les répercussions de la pandémie COVID-19 sur les délais diagnostiques et thérapeutiques.
Cent patients ont été inscrits dont 66 % hommes et 34 % femmes, l’âge moyen est de 65,3 (ans). Le délai médian de consultation était de 40 jours, les comorbidités retrouvées sont dominées par l’hypertension artérielle et le diabète de type II, 46 % sont des fumeurs actifs et 20 % sont des fumeurs sevrés observés exclusivement chez la population masculine. L’état général des patients selon le PS varie entre 1 et 3. Le délai diagnostique moyen est de 35,57 jours. Le diagnostic histologique a été fait par la biopsie transthoracique (55,4 % des cas) suivi par la biopsie bronchique (31,6 %). On n’a pas noté de différences significatives concernant l’imagerie par TDM thoracique, par contre celle-ci a contribué à la détection fortuite de trois cas de néoplasie pulmonaire suite à la réalisation de scanner thoracique dans le cadre du dépistage de la COVID-19. Les types histologiques retrouvés sont : l’adénocarcinome pulmonaire primitif (66 %), le carcinome pulmonaire épidermoïde (28 %), et le carcinome pulmonaire à petites cellules (5 %). Un taux plus élevé de cas métastatiques a été recensés (69 %) alors qu’on a noté un nombre réduit des cas opérables (7 %).
Malgré tous les efforts fournis afin de respecter les délais diagnostiques du cancer bronchique notre étude a permis de démontrer que l’enregistrement de cas métastatiques a augmenté ainsi que les délais de la prise en charge ont été augmentés. Les raisons sont multiples : la réticence du patient à consulter, déprogrammation chirurgicale, accès aux plateaux techniques, redistribution des ressources humaines. L’allongement des délais a particulièrement impacté la prise en charge des cancers bronchopulmonaires de stades localisés, qui sont les plus curables.
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Publié par Elsevier Masson SAS.