Des mutations activatrices du gène EGFR (Epidermal Growth Factor) sont mises en évidence dans 10 à 12 % des cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) non épidermoïdes, Le développement des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) représente une avancée majeure dans la prise en charge de ces cancers. Programmed Death-Ligand (PD-L1) est faiblement exprimé dans les CBNPC avec mutation de l’EGFR [1Miyawaki, et al. PD-L1 expression and response to pembrolizumab in patients with EGFR-mutant non-small cell lung cancer Jpn J Clin Oncol 2020 ; 50 (5) : 617-622 [cross-ref]
Cliquez ici pour aller à la section Références]. Des données récentes suggèrent qu’un taux élevé (>50 %) pourrait être associé à une résistance précoce aux ITK et à une survie globale diminuée [2Jia Liu, et al. Relationship between PD-L1 expression and outcome in EGFR-mutant lung cancer patients treated with EGFR tyrosine kinase inhibitors Lung Cancer 2021 ; 155 : 28-33
Cliquez ici pour aller à la section Références]. Les objectifs de cette étude étaient (1) la caractérisation des adénocarcinomes pulmonaires mutés EGFR et avec forte expression de PD-L1, (2) l’impact de PD-L1 sur la réponse et la survie. Une analyse exploratoire a également évalué l’évolution de l’expression de PD-L1 à progression après une première ligne de traitement.
Analyse rétrospective des patients de plus de 18 ans, atteints d’un CBNPC de stade avancé ayant bénéficié d’une analyse histologique, moléculaire par NGS et de l’expression de PD-L1 par immunohistochimie entre le 01/01/2016 et 30/12/2020. Étaient inclus les patients avec une tumeur mutée EGFR, avec analyse de l’expression de PD-L1 en immunohistochimie au diagnostic. Les données ont été recueillies par analyse du dossier, la dernière date de point était le 30/06/2022. L’avis favorable du comité d’éthique CERAPHP. Centre a été obtenu le 03/06/2021.
Au total, 103 patients étaient inclus. Un taux de PD-L1 fortement exprimé (≥50 %) était observé chez 17 % des patients et était associé à une plus faible fréquence des mutations communes (56 % vs 82 %, p=0,03), à une plus grande fréquence des mutations complexes (28 % contre 7 %, p=0,02) et à l’absence de co-mutation de CTNNB1 (0 sur 18 contre 8 sur 85 patients, p=0,34). Il n’y avait pas de différence significative de réponse à la première ligne de traitement (84 % contre 76 % de maladie contrôlée), ni de survie sans progression (SSP 10 mois vs 11 mois), ni de survie globale (SG médiane 28 mois vs 29 mois) respectivement entre les groupes PD-L1≥50 % et<50 %. Néanmoins, le taux de PD-L1≥50 % était associé en analyse multivariée à une survie plus courte (HR=2,09 ; IC95 % [1,06–4,12] ; p=0,03), ainsi que le sexe masculin (HR=2,12 ; IC95 % [1,09–4,14] ; p=0,03), la présence de métastases hépatiques (HR=3,94 ; IC95 % [2,76–8,80] ; p<0,005) ou cérébrales (HR=2,07 ; IC95 % [1,20–3,57] ; p=0,01), l’état général au diagnostic (HR=18,89 ; IC95 % [4,92–72,61] ; p<0,005) et la présence d’une mutation complexe d’EGFR (HR=2,59 ; IC95 % [1,29–5,18] ; p=0,01). Il existait une modification significative (variation absolue de 30 %) du taux de PD-L1 à la progression chez 30 % (6/20) des patients, avec une augmentation de l’expression de PD-L1 chez 15 % (3/20) des patients.
Une forte expression de PDL1 était plus fréquemment observée dans le cas de mutation EGFR non commune et/ou complexe. Une forte expression de PD-L1 était un facteur indépendant de mauvais pronostic sur la survie. Ces résultats méritent d’être confirmés sur des études prospectives, afin de préciser la place de ce biomarqueur pour orienter la stratégie thérapeutique dans les CBNPC EGFR muté.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
© 2022
Publié par Elsevier Masson SAS.