Les programmes de dépistage organisés de cancer bronchopulmonaire (CBP) concernent des sujets à haut risque de CBP sélectionnés sur l’âge et le statut tabagique (FDR). Le tabac est également un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires (CV), certains cancers non pulmonaires et la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). L’objectif de notre étude est de déterminer l’incidence et les principales causes de morbidité et de mortalité chez des participants à un programme de dépistage organisé, en France, en vie réelle.
L’étude LUMASCAN est une étude prospective appartenant au protocole internationale Lung Cancer Early Detection Study (promoteur : MD Anderson, Texas, US) ayant inclus entre 2016 et 2019 des sujets répondant aux critères d’inclusion de l’étude NLST (groupe 1) ou à haut risque de CBP (groupe 2 : ≥50 ans, ≥20 paquets-années+autre FDR de CBP), dans un programme de dépistage organisé comprenant un scanner thoracique basse dose (STBD), une spirométrie, une évaluation des calcifications coronariennes (CAC), et une offre structurée de sevrage tabagique à l’inclusion, 1 an, 2 ans, puis un suivi téléphonique annuel pendant 3 ans. À chaque visite, les principaux événements de santé étaient recueillis ; les causes de décès ont été identifiées auprès des proches et/ou des dossiers médicaux. Les résultats sont exprimés en moyenne±écart-type à la moyenne.
La cohorte comprend 302 sujets (hommes : 60,6 %, âge 60±7 ans, fumeurs actifs : 77,1 %, tabagisme : 43±20 PA, avec une pathologie respiratoire chronique [bronchite chronique, BPCO ou emphysème] : 41,4 % [125/301], une maladie CV : 15,9 % [48/301], un diabète : 10,6 % [32/299], une hypertension artérielle : 37,4 % [113/301], et 26,8 % [81/301] étaient traités par statines) (Fig. 1). Le taux de participation est de 99 %, 84 %, 76 % à l’inclusion, un et 2 ans respectivement. Au 1er septembre 2022, 11 CBP sont détectés dont 6 (55 %) à un stade localisé et 5 (45 %) sont opérés. La spirométrie témoigne d’une BPCO chez 138 (46,6 %) sujets, étant méconnues dans 54 (17,8 %) cas ; 131 (43,8 %) sujets avaient des CAC modérées ou sévères, justifiant un avis cardiologique. Les autres événements de santé incidents sont CV (n=17, 5,6 %) dont 8 (2,6 %) événements coronariens et cancers non pulmonaires (n=17, 5,6 %). Le taux de mortalité est de 16,2 [IC95 % : 9,4–23]/1,000 personnes-années avec 4 décès (13 %) de cause CV, 2 (9 %) par CBP, 3 (13 %) par cancer non pulmonaire, 1 de cause respiratoire (4 %), 7 d’autres causes (30 %) et 6 de causes non connues (26 %). Les principaux facteurs prédictifs d’événements et de mortalité CV étaient la présence de CAC modérées à sévères (OR brut=3,5 [IC95 % : 1,4–10,0]) et de BPCO (OR brut=4,0 [IC95 % : 1,6–9,6]).
Les événements CV sont, dans cette cohorte, la première cause de morbidité et de mortalité. Des scores prédictifs de risque CV, intégrant notamment des marqueurs radiologiques (calcifications coronariennes), les comorbidités, les traitements concomitants sont à étudier pour proposer une prévention cardiovasculaire adaptée.
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Publié par Elsevier Masson SAS.