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Endométriose thoracique en Martinique - 09/01/24

Doi : 10.1016/j.rmra.2023.11.023 
M. Agossou 1, B. Gilbert-Sanchez 2, P.H. Alauzen 1, , O. Maud 2, E. Cecilia-Joseph 5, L. Chevalier 3, M. Jean-Laurent 3, M. Dramé 4, N. Venissac 5
1 Service de pneumologie, CHU de Martinique, Fort-de-France, France 
2 Service de chirurgie thoracique, CHU de Martinique, Fort-de-France, France 
3 Service de gynécologie-obstétrique, CHU de Martinique, Fort-de-France, France 
4 Département de recherche clinique et innovation, CHU de Martinique, Fort-de-France, France 
5 Service de chirurgie thoracique, CHU de Lille, Lille, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Complication rare et potentiellement grave d’une maladie fréquente, les atteintes thoraciques de l’endométriose demeurent méconnues tant d’un point de vue physiopathologique qu’épidémiologique. Il apparaissait aux auteurs de cette étude qu’il existait une prévalence plus importante en Martinique qu’en France métropolitaine.

Méthodes

Une étude descriptive, regroupant les cas confirmés d’endométriose thoracique symptomatique, prise en charge au CHU de Martinique, allant du premier janvier 2004 au 21 décembre 2020 a été réalisée afin d’observer les caractéristiques de cette population, de référencer les modalités de prise en charge au sein de l’établissement, et d’obtenir un aperçu du suivi et en particulier les récidive de cette pathologie.

Résultats

Sur un total de 71 patientes nous relevions une répartition des lésions telle que suit : 49 pneumothorax cataméniaux, 14 hémopneumothorax, 8 hémothorax. On peut estimer à 34 % la proportion de lésion endométriosique dans les pneumothorax de la femme en âge de procréer. L’âge moyen au diagnostic est de 36±6 ans. Le délai moyen entre l’apparition des symptômes et le diagnostic est de 24±50 semaines (certaines patientes ayant mis plusieurs années avant de consulter pour obtenir un diagnostic). Le délai moyen entre le diagnostic et la chirurgie était de 53±123jours. Cinquante-sept patientes (82,6 %) étaient connues pour de l’endométriose pelvienne, et 25 étaient déjà sous contraception hormonale avant le diagnostic de lésions thoracique. L’exposition au tabac ou au cannabis n’est retrouvé que dans 12 % des cas. La latéralité droite était à 94,4 %. Le traitement initial a consisté à proposer une approche médicale exclusive (agoniste GnRh) après drainage, pour 20 patientes soit 28,2 % des cas. Un traitement chirurgical initial a dû être réalisé dans 18 cas (25,4 %). Il est à préciser que chez 8 patientes avec projet de grossesse immédiat la pleurodèse a été initiée d’emblée. Dans les autres cas elle a dû être effectuée après récidive ou bullage persistant. En prenant en compte les récidives 64 patientes ont été opérées (94 % au total). Lors de ces interventions, des nodules et des perforations diaphragmatiques ont été retrouvés chez 50 patientes (79 % des cas). Une confirmation histologique a pu être obtenue pour 48 patientes (68,6 % des cas). Concernant les récidives: nous retenions 44 patientes présentant des récidives (62 %). Le délai moyen entre le traitement initial et la première récidive est de 20 mois. Les circonstances conduisant à la rechute ne sont pas toutes élucidées mais nous retenons: l’arrêt du traitement médical, retrouvé dans 17 cas (38,6 %). Un traitement médical donné seul, sans intervention chirurgicale dans 9 cas (20,5 %). L’absence de traitement médical après intervention chirurgicale dans 6 cas (13,6 %). Aucun traitement de référence réalisé (en pratique simple drainage pleural aux urgences ou en hospitalisation, sans hormonothérapie ni chirurgie) dans 6 cas (13,6 %). Absence de cause retrouvée dans 6 cas (13,6 %). La récidive paraît plus importante chez les patientes sous agoniste GnRh sans prise en charge chirurgicale mais pas de manière significative. L’analyse en sous-groupe selon les atteintes (pneumothorax, hémothorax, hémoptysie) ne montre pas de différence entre les groupes sur le taux de récidive.

Conclusion

Notre analyse permet de confirmer une authentique augmentation de la prévalence de l’endométriose thoracique en Martinique comparativement à la France métropolitaine. Cependant nous ne retrouvons pas de différences significatives que ce soit sur les modes de présentation clinique ou les caractéristiques initiales. Il ne semble pas exister de « spécificité martiniquaise ». Certains auteurs évoquent cependant une hétérogénéité ethnique avec une proportion plus faible de femme noire diagnostiquées avec cette maladie. Cependant les auteurs alertent sur la faiblesse des études sur le sujet. De même la présentation des symptômes peut différer d’un groupe ethnique à un autre et ainsi conduire à une sous-estimation de cette pathologie. Reste donc l’hypothèse environnementale dont la présence dans cette région du monde n’est pas à négliger. Nous pensons en particulier au rôle des perturbateurs endocriniens, principalement la chlordecone, dont des atteintes sur la santé humaine sont déjà prouvées et nécessiteront de plus amples recherches à l’avenir.

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© 2023  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 16 - N° 1

P. 14 - janvier 2024 Retour au numéro
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