Dans un contexte où la pandémie de COVID-19 se propage rapidement à travers le monde depuis fin 2019, il nous paraît important de décrire l’impact sociodémographique, cliniques et évolutifs de COVID-19 sur les patients tuberculeux hospitalisés à la clinique de pneumologie de l’hôpital FANN du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2021 dans le but de contribuer à l’atteinte des objectifs du PNT dans le cadre du programme mondial d’éradication de la TB d’ici l’an 2050.
Il s’agit d’une étude rétrospective, descriptive, comparative entre deux groupes parmi 702 patients ayant été hospitalisé de la tuberculose quelle que soit la forme clinique à la clinique de pneumologie de l’hôpital FANN. Nous avons réparti nos patients en deux groupes : (G1, n=429) constitué des patients avant l’épidémie de COVID 19 du 01/01/2018 au 31/12/2019 et (G2, n=273) constitué des patients pendant l’épidémie de COVID-19 du 01/01/2020 au 31/12/2021 et à visée analytique. Nous avions recueilli les données sociodémographiques, cliniques, paracliniques, thérapeutiques et évolutives.
Nous avons colligé 702 cas de tuberculose. La majorité de nos patients soit 61,1 % (n=429) étaient hospitalisés avant la période de COVID. Une prédominance masculine retrouvée dans les deux groupes avec respectivement 68,1 % et 67,8 % (p=0,93); la fréquence relative des patients provenant hors de Dakar avait diminué dans le G2 (p=0,00). Les patients du G2 étaient plus dyspnéiques (78 % contre 70,9 % ; p=0,04). Il y a eu une baisse significative de la réalisation de la radiographie du thorax (95,6 % contre 82,4 % ; p=0,000), contrairement au scanner qui a connu une augmentation significative de sa fréquence relative (52,4 % contre 23,3 % ; p=0,000). Dans le G1, les lésions étaient plus diffuses (94 % contre 90 % ; p=0,04) avec plus de l’atteinte parenchymateuses seules (75 % contre 56 % ; p=0,00). Dans le G2, les lésions étaient plus localisées (10 % contre 5 % ; p=0,048) et aspect d’arbre en bourgeon (25 % contre 11,4 % ; p=0,00), Miliaire (13,8 % contre 8,4 % ; p=0,03), Hydropneumothorax (13,1 % contre 7 % ; p=0,01), Verre dépoli (6 % contre 0,9 % ; p=0,00) étaient plus fréquentes. L’utilisation de la bacilloscopie comme moyen diagnostique avait diminué dans le G2 passant de 88,1 à 74 % (p=0,00). L’utilisation du GeneXpert comme moyen diagnostic avait augmenté dans le G2 (31,5 % contre 16,2 % ; p=0,00). La durée d’hospitalisation était plus longue dans le G2 (17,21jours contre13,57jours ; p=0,001). Il y a eu un retard d’initiation de traitement chez six patients du G2 alors tous les patients du G1 ont débuté le traitement dans moins d’une semaine suivant le diagnostic ; la différence était statistiquement significative avec (p=0,00). Deux tiers de décès sont survenus dans le G2 (p=0,003). Des complications telles que l’insuffisance respiratoire chronique (8,7 % vs 2,09 % ; p=0,00), le cœur pulmonaire chronique (5,1 % vs 2,09 % ; p=0,03) et la surinfection bactérienne (14,9 % vs 7,4 % ; p=0,000) étaient statistiquement plus fréquentes dans le G2. Par contre, la dénutrition était statistiquement plus fréquente dans le G1 (28,2 % vs 17 % ; p=0,01).
La pandémie de COVID-19 a annulé des années de progrès obtenus dans la prestation des services essentiels pour mettre fin à la tuberculose et dans la réduction de la charge de tuberculose maladie.
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