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Étude de la relation entre la variabilité de la fréquence cardiaque et la collapsibilité pharyngée dans le syndrome d’apnées obstructives du sommeil - 12/01/25

Doi : 10.1016/j.rmra.2024.11.115 
T.N.B. Diep 1, 2, , J. Frija 1, 2, M.P. D’ortho 1, 2, S. Günther 1, 2, A. Madani 1, 2
1 Centre de sommeil, hôpital Bichat 
2 Inserm U1141 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Le syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) est une maladie fréquente en santé publique. La physiopathologie est complexe, en raison de la combinaison de plusieurs facteurs. L’un des facteurs les plus importants est le facteur anatomopathologique. Une augmentation de la collapsibilité pharyngée, évaluée par Pcrit, ou une diminution du volume pharyngé, évaluée par pharyngométrie acoustique, est associée à une élévation de la sévérité du SAHOS dans l’étude P3E. Par ailleurs, les patients apnéiques présentent également une altération de la variabilité de la fréquence cardiaque, qui est considérée comme un facteur de risque cardiovasculaire de cette maladie. Dans le syndrome d’apnées obstructives du sommeil, les données publiées indiquent une diminution du tonus vagal et une plus grande réactivité sympathique. Néanmoins, ces données sont hétérogènes en raison des mesures effectuées soit pendant l’éveil soit pendant le sommeil, d’une part, et de la méthode d’analyse de la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC) utilisée, d’autre part. L’efficacité de la nicotine dans le traitement du SAHOS a été étudiée, montrant une diminution du taux d’apnées obstructives pendant le sommeil NREM. De plus, dans une autre étude, l’inhibiteur de la cholinestérase physostigmine (PHYS) a réduit l’indice d’apnées/hypopnées (IAH) moyen, surtout pendant le sommeil REM.

Ces résultats suggèrent que la sévérité de la collapsibilité des VAS dans le SAS obstructif, évaluée indirectement par la diminution de volume pharyngé serait associée à une diminution de l’activité du système parasympathique excitateur pendant le sommeil NREM et ou une diminution d’activité parasympathique inhibitrice pendant le sommeil REM, et que les patients atteint d’un SAHOS le plus sévère auraient une activité sympathique noradrénanergique la plus élevée.

Méthodes

Nous avons étudié des sujets adultes (100 sujets), inclus dans l’étude P3E, et présentant un SAS obstructif modéré à sévère (IAH>15/h, avec des événements centraux du sommeil<5/h). Les patients sont divisés en deux groupes, avec un IAH<15/h et un IAH15/h.

L’étude P3E portait sur la recherche de corrélats anatomocliniques dans le SAS obstructif. Les sujets adultes présentant une suspicion de SAOS et hospitalisés au centre du sommeil de l’hôpital Bichat, étaient incluables. Ils bénéficiaient, outre la polysomnographie dans le cadre du soin, d’un examen clinique ORL non invasif soigneux, d’une pharyngométrie acoustique, d’une mesure de la pression critique de fermeture des VAS (Pcrit) et d’une échographie des VAS.

L’analyse de la VFC est réalisée sur la base des données ECG issues de la PSG, à l’aide de l’application Matlab. L’analyse spectrale est effectuée pour les très basses fréquences (VLF) entre 0,0033Hz et 0,04Hz, les basses fréquences (LF) entre 0,04Hz et 0,15Hz, et les hautes fréquences (HF) entre 0,15Hz et 0,5Hz. Les HF sont modulées par l’activité parasympathique, tandis que les LF sont contrôlées à la fois par les activités sympathique et parasympathique, mais l’indice normalisé fournit une indication de la modulation sympathique. Le rapport LF/HF reflète l’équilibre sympatho-vagal. La formule 100×LF/(LF+HF) représente la composante sympathique (LFnu), et la formule 100×HF/(LF+HF) représente la composante parasympathique (HFnu).

Résultats

Les deux groupes, IAH<15/h et IAH15/h, différaient statistiquement sur la majorité des paramètres étudiés à la polysomnographie (PSG), tels que : IAH en sommeil REM, IAH en sommeil NREM, index de désaturation d’oxygène (IDO), SpO2<90 % (pourcentage et durée), index de micro-éveils et index de micro-éveils respiratoires, efficacité du sommeil et pourcentage de sommeil paradoxal. À la pharyngométrie acoustique, les patients avec un IAH15/h avaient un pharynx plus étroit (18,52±5,83cm3 contre 27,55±6,39cm3, p=0,000).

Les patients avec un IAH15/h présentaient une diminution du tonus parasympathique (HFa (249,70 [119,33 ; 500,00] contre 700,00 [442,05 ; 975,00], p=0,013) et de HFnu (50,00 [36,41 ; 66,23] contre 63,64 [54,45 ; 77,33], p=0,018) pendant le sommeil NREM, ainsi qu’une augmentation du tonus sympathique : rapport LF/HF (1,00 [0,44 ; 1,75] contre 0,57 [0,29 ; 0,84], p=0,018), LFnu (50,00 [30,77 ; 63,59] contre 36,36 [22,67 ; 45,55], p=0,018) pendant le sommeil NREM, et rapport LF/HF (1,20 [0,45 ; 2,10] contre 0,45 [0,33 ; 0,91], p=0,038) pendant l’éveil. Par ailleurs, une augmentation du tonus parasympathique (HFnu (45,45 [30,57 ; 50,00] contre 40,00 [16,58 ; 46,24], p=0,018) a été observée pendant le sommeil REM.

Conclusion

Les patients IAH15/h présentent un volume pharyngé plus petit, associé à une réduction de l’activité parasympathique (HFa) pendant le sommeil NREM, une augmentation du tonus parasympathique (HFa) pendant le sommeil REM, et une hyperactivité sympathique (LFnu) pendant le sommeil NREM et l’éveil.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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© 2024  Publié par Elsevier Masson SAS.
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