La double tâche cognitivo-motrice : évaluation des performances des patients BPCO vs sujets sains et impact d’un programme réhabilitation respiratoire - 21/12/15

De nombreuses études rapportent une dysfonction cognitive dans la BPCO. Celle-ci pourrait avoir un impact majeur dans la vie quotidienne et plus spécifiquement lors de tâches complexes. À ce jour, une seule étude a évalué l’impact de cette dysfonction en situation de double tâche (DT) (Karakontaki et al., 2013). Or, centrés sur des tests cognitifs, ce travail n’impliquait aucune aptitude posturale ou motrice, pourtant centrales lors d’un programme de réhabilitation respiratoire (PRR). De même, aucune étude ne s’est intéressée à l’impact d’un PRR dans ce contexte. Notre but était donc de :

– comparer les performances de patients BPCO et de sujets sains en situation de simple tâche (ST) et (DT) cognitivo-motrices ;

– évaluer l’impact d’un PRR sur ces performances.

Vingt sujets sains (69±7ans) et 25 patients BPCO (65±7ans ; VEMS : 1,2±0,5L) ont été inclus dans l’étude. Les performances cognitives (nombre d’erreurs et de soustraction lors d’une tâche de décompte), posturales (surface et longueur du centre de pression (CPP) en position statique) et locomotrices (vitesse et variabilité du temps de pas) des patients ont été mesurées en situation de ST et DT, en pré- et post-PRR et comparées à celles de sujets sains.

En condition ST, aucune différence n’a été observée entre BPCO et sains. En situation DT, nous observons une augmentation plus importante de la longueur du CPP (p=0,03) et de la variabilité du pas (p=0,04) chez les patients et ce sans altération des performances cognitives. À l’issue du PRR, seule une diminution de la longueur du CPP (p=0,01) est rapportée chez les patients.

Si les performances des patients ne semblent pas perturbées en ST, une altération plus importante des performances posturo-motrices s’exprime lors de tâches complexes. Sur le plan clinique, ces résultats incitent à mieux prendre en compte ce phénomène et les risques associés. Enfin, les améliorations posturales observées en post-PRR, doivent orienter vers une prise en charge encore plus adaptée.