Gabapentinoïdes et syndrome d’apnées du sommeil (SAS) : un signal de pharmacovigilance - 29/12/18

La similarité structurelle entre gabapentine et baclofène est responsable des effets « baclofène-like » de la gabapentine, par exemple dans l’alcoolodépendance. Le baclofène étant répertorié comme pourvoyeur d’apnées du sommeil, nous faisons l’hypothèse d’une association entre gabapentinoïdes (gabapentine et prégabaline) et syndrome d’apnées du sommeil (SAS).

Nous avons procédé à l’extraction des cas de SAS sous antiépileptiques, à partir de la base mondiale de pharmacovigilance (VigiBase^®, the WHO Global Individual Case Safety Reports (ICSRs) database). Cette base comprenait plus de 17 millions de cas individuels reportés par 131 pays, en juillet 2018. Une analyse de disproportionalité par calcul du odd ratio rapporté (ROR) selon un modèle cas-non a ensuite été conduite.

Parmi les cas imputés à la gabapentine, on observe 76 cas de SAS (ROR 2,61 [2,08 to 3,27]). Pour la prégabaline, 123 cas de SAS ont été rapportés (ROR 2,42 [2,02 to 2,89]). Les ROR étant supérieur à 2 pour ces 2 molécules, nous pouvons retenir une association entre SAS et gabapentinoïdes. Par ailleurs, aucun autre signal significatif n’émerge avec les autres antiépileptiques, excepté les benzodiazépines (ROR : 3,07 [2,58 to 3,66]) utilisées comme contrôle positif.

Ce signal de pharmacovigilance confirme les observations faites avec les agonistes GABA tel que baclofène. Les professionnels de santé doivent être avertis que des apnées du sommeil peuvent affecter plus fréquemment les patients traités par gabapentine et prégabaline. Il est donc important d’être vigilants sur la prescription et la surveillance des gabapentinoïdes, surtout chez des patients ayant des troubles respiratoires du sommeil. Et cela d’autant plus que les taux de consommation ont triplé aux USA de 2002 à 2015 du fait d’un mésusage dans un contexte de crise des opioïdes.