Au sein de population en situation de précarité sociale le tabagisme est fréquent et cause d’une importante morbi-mortalité. Le dispensaire Émile-Roux à Clermont-Ferrand (France), centre de tabacologie, a comparé les caractéristiques du tabagisme de fumeurs allocataires du RSA et les résultats de la prise en charge de leur sevrage tabagique à ceux des autres fumeurs de la consultation dans l’objectif de vérifier si les résultats de l’arrêt à 6 mois dans ces deux populations présentaient des différences.
Cent fumeurs allocataires du RSA (SR=1,5) ont été comparés à 758 autres fumeurs (SR=0,6) dont les conditions de revenus étaient supérieures et ne leur donnaient pas accès à cette allocation d’insertion. L’ensemble des patients ont consulté pour sevrage tabagique dans la période du 01/01/2013 au 31/12/2018. Les caractéristiques de leur tabagisme, les pathologies associées à cet usage, leur niveau de précarité (score EPICES), la motivation à l’arrêt du tabac, les résultats de l’arrêt du tabac après prise en charge répondant aux recommandations de l’HAS, 2014 ont été analysés. Analyse statistique réalisée par le moyen du logiciel SPSS (test du Chi2, seuil de significativité fixé à 5 %).
Comparativement à la population générale des consultants (n=758), les fumeurs allocataires du RSA (n=100) avaient une consommation journalière moyenne de cigarettes moins élevée (15C/J vs 20C/J), ils présentaient : un niveau de précarité marquée (le score EPICES était dans 20 % des cas supérieurs à 60 (grande précarité) pour 5 % seulement parmi les autres consultants), un mésusage d’autres substances psychoactive était plus fréquent (48,1 % vs 28,2 % ; p<0,001) ; comme l’était la présence de BPCO identifiée par spirographie (36,2 vs 28,5 % ; p<0,05), d’obésité morbide (10,3 % vs 3,1 % ; p<0,05). En revanche, il n’était pas noté de différence entre les deux groupes pour le niveau de dépendance tabagique (FTCD), la présence de dépression (test HAD) ou de cardiopathie. Les fumeurs allocataires du RSA avaient une motivation à l’arrêt légèrement moins élevée (score de Richmond>8 : 25,1 % vs 35,2 % ; p<0,05). L’ensemble des patients bénéficiait d’une aide à l’arrêt reposant sur les recommandations de l’HAS 2014 ; le taux d’abstinence au 6e mois était équivalent dans les deux groupes de fumeurs (38 % vs 41 %).
Le tabagisme creuse les inégalités de santé mais il est possible d’aider efficacement l’arrêt du tabac des fumeurs précarisés autant que de développer une lutte générale contre le tabac.
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