L’infection par le SARS-CoV-2 s’exprime au niveau respiratoire par des formes très diverses allant de l’absence de symptômes à un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Ces différences sont expliquées par différents mécanismes physiopathologiques. Notamment, certains marqueurs impliqués dans la régulation de l’immunité innée (élastase des polynucléaires neutrophiles, myélopéroxydase-DNA et histone-DNA) sont associés à la gravité de l’atteinte respiratoire à la phase aiguë de l’infection [1Guéant J.-L., Guéant-Rodriguez R.-M., Fromonot J., Oussalah A., Louis H., Chery C., et al. Elastase and exacerbation of neutrophil innate immunity are involved in multi-visceral manifestations of COVID-19 Allergy 2021 ; 76 : 1846-185810.1111/all.14746
Cliquez ici pour aller à la section Références]. Les conséquences à court et moyen terme de l’infection sont maintenant bien connues. Cependant, l’évolution de l’immunité innée des neutrophiles à distance de l’infection n’est pas bien décrite. Ainsi, l’objectif était de décrire l’évolution de ces biomarqueurs dans les six mois suivants une infection sévère à SARS-CoV-2 et de les comparer avec les données de sujets sains.
Nous avons recueilli les données cliniques, biologiques, fonctionnelles et radiologiques de patients lors du suivi à trois et six mois d’une hospitalisation pour une infection sévère à SARS-CoV-2 au CHRU de Nancy entre mars et décembre 2020. Les données biologiques de sujets sains, antérieures à la pandémie à SARS-CoV-2 ont également été colligées.
Sur les 98 patients inclus, 82 ont été réévalués à trois mois et 66 à six mois de la sortie d’hospitalisation. L’âge médian était de 65,5 [56–73] avec 72 (73,5 %) hommes et un indice de masse corporelle médian de 27,8 [24,6–31,0] kg/m2. À la première réévaluation, 65 patients (66,3 %) avaient des séquelles respiratoires de l’infection à SARS-CoV-2 (Tableau 1). Le taux médian d’élastase des neutrophiles à trois mois était de 419,5 [269,3–629,0] ng/mL et 504,0 [234,8–811,0] ng/mL à six mois, significativement plus élevé que chez les sujets sains 32,8 [21,0–78,5] ng/mL (p<0,0001) ng/mL. Les taux de myéloperoxydase-DNA et d’histones-DNA sont également significativement plus élevés à six mois de l’infection que chez les sujets sains (p<0,0001) (Tableau 1). À trois mois, on ne notait pas de différence significative du taux de ces biomarqueurs entre patients gardant ou non des séquelles respiratoires.
Les patients ayant présenté une infection sévère à SARS-CoV-2 conservent une élévation significative du taux d’élastase des neutrophiles, de myélopéroxydase-DNA et d’histone-DNA dans le suivi jusqu’à 6 mois par rapport à des sujets sains. Ces résultats préliminaires pourraient suggérer une implication de l’immunité innée dans la persistance de séquelles respiratoire et ouvrir la voie à de nouvelles thérapeutiques spécifiques.
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Publié par Elsevier Masson SAS.