Évaluation des besoins en soins palliatifs dans des hôpitaux de références au Sénégal - 29/12/18

La prévalence des cancers au Sénégal est en hausse selon les données du registre du cancer des hôpitaux de Dakar avec plus de 1000 nouveaux cas annuellement diagnostiqués le plus souvent à des stades évolués. Cependant, l’accès aux soins palliatifs n’est pas organisé voire inconnu dans les structures sanitaires. Ce travail qui n’a jamais été réalisé dans notre pays a pour objectif d’évaluer les besoins en soins palliatifs des hôpitaux de référence du Sénégal. Cependant, le gouvernement a pris certaines mesures pour améliorer l’accès à la morphine. Mais, l’élaboration d’une stratégie globale existe une connaissance préalable des obstacles à la prestation des soins palliatifs.

Nous avons mené une étude transversale multicentrique pour évaluer les besoins en soins palliatifs dans deux hôpitaux nationaux et deux hôpitaux régionaux en 2016. L’enquête comprenait un questionnaire avec cinq composantes : une pour déterminer la prévalence des maladies limitant la vie active parmi les patients hospitalisés, une pour évaluer la douleur et d’autres symptômes pour les patients hospitalisés et pour les patients externes, une pour évaluer les connaissances, les attitudes et pratiques des professionnels de santé et une composante pour déterminer la disponibilité des médicaments essentiels aux soins palliatifs dans les établissements hospitaliers ciblés.

Parmi les hospitalisés, 167 patients (44,4 %) avaient une maladie limitant l’espérance de vie. Parmi eux, 56,6 % ont signalé des douleurs modérées à sévères au cours des trois derniers jours. Seuls 3 % ont reçu de la morphine et dans 76,7 % soit un analgésique faible a été administré soit aucun antalgique n’a été prescrit. Les patients hospitalisés ont également éprouvé une dyspnée modérée à sévère dans 42,1 %, la fatigue dans 66,5 %, des nausées dans 16,5 % et la somnolence dans 42,1 %. Pour les patients suivis en consultation externe, 39 % (155) avaient signalé une douleur modérée à sévère, et 52,8 % déclaraient que le traitement reçu n’avait pas soulagé ou seulement partiellement leurs douleurs. 83 % (n=100) des médecins interrogés avouent n’avoir jamais prescrit de morphine ou rarement la morphine. La morphine n’était disponible que dans deux des quatre hôpitaux au cours de l’enquête.

Cette étude montre que la demande en soins palliatifs au Sénégal est une réalité et il y a une nécessité à former les professionnels de santé sur les soins de support et notamment dans l’utilisation de la morphine.