L’aspect de la tuberculose dans le milieu carcéral - 29/12/18

Le surpeuplement, le manque d’aération, les transferts répétés entre établissements ainsi que le retard diagnostique sont tous des facteurs qui favorisent le développement de la tuberculose dans les prisons. Le but de notre travail est de déterminer le profil épidémiologique, clinique, paraclinique et évolutif de la tuberculose chez les prisonniers.

Étude rétrospective sur une période de 7 ans (janvier 2011–décembre 2017), portant sur 106 patients hospitalisés au service des détenus à l’hôpital Moulay Youssef CHU Ibn Sina et ayant une tuberculose confirmée.

Tous les patients étaient de sexe masculin avec une moyenne d’âge de 31,4 ans. La notion de contage tuberculeux dans la prison a été relevée chez 10 %. Le tabagisme a été retrouvé chez 96 %, parmi eux : 22 % étaient des consommateurs de cannabisme. Dans leurs antécédents, 36 % déjà traités pour une tuberculose, 2 % avaient une infection rétrovirale et 4 % étaient diabétiques. Les signes fonctionnels ont été prédominés par la toux (78 %) et dyspnée (40 %), et des signes généraux par l’altération de l’état général (64 %). L’examen clinique a objectivé une moyenne de poids de 52,5kg. Sur le plan biologique, une anémie a été objectivée chez 64 %. La radiographie thoracique a été normale chez 2 % des cas, elle a mis en évidence des opacités excavées dans 36 % des cas, infiltrats dans 48 % des cas, syndrome d’épanchement liquidien dans 24 % des cas, pneumothorax dans 4 % des cas, hydropneumothorax dans 8 %, abcès 6 % et miliaire chez 4 %. La localisation de tuberculose chez nos patients était pulmonaire chez 66 %, pleurale chez 38 %, ganglionnaire chez 8 % et péricardique chez 2 %, à noter la présence de tuberculose multifocale chez certains patients. Les moyens qui ont permis de poser le diagnostic dans notre échantillon sont représentés dans le tableau 1. Le traitement antibacillaire a été prescrit chez tous les patients. Le drainage thoracique a été indiqué chez 10 % et la chirurgie chez 6 %. L’évolution a été marquée par la guérison chez 62 % des patients et elle a été défavorable chez 38 %, cette situation est expliquée par la notion de l’abandon du traitement ou le refus de le prendre d’emblée, les grèves de faim et la présence d’un nombre important des cas de tuberculose multirésistante (12 %).

Les auteurs attirent l’attention sur la problématique de l’émergence de la tuberculose dans le milieu carcéral en raison de la multitude des facteurs de risque qui la favorisent ainsi que la difficulté de l’adhérence au traitement.