Maladie émergeante d’actualité, la COVID-19 est crainte pour l’atteinte respiratoire dont elle peut être responsable et qui conditionne largement le pronostic vital. D’autres conséquences moins connues, les séquelles mentales, peuvent être observées et ne sont dévoilées que lors de la guérison du malade.
Rechercher des troubles cognitifs, anxieux et dépressifs, dépister un trouble de stress post-traumatique (TSPT) et évaluer la qualité de vie des patients de réanimation guéris de la COVID19.
Étude prospective menée au service de réanimation médicale de l’hôpital Abderrahmen Mami de l’Ariana entre janvier et mars 2020. À 3 mois de leur sortie, les survivants ont bénéficié d’une évaluation cognitive (Mini Mental State MMS) et ont répondu à 3 questionnaires: HADS (dépistage d’un syndrome anxiodépressif), SPRINT (rechercher un TSPT) et le SF12 (calculer un score de qualité de vie mentale et un score de qualité de vie physique).
Vingt-huit patients ont été hospitalisés en milieu de réanimation pour une pneumonie à SARS-COV2, 14 ont survécu. L’âge moyen était de 62,2 ans, et le genre-ratio de 0,75. Les comorbidités étaient dominées par l’HTA (8/14), l’obésité (5/14) et le diabète (4/14). Deux patients ont nécessité une ventilation invasive de 11jours en moyenne; 12/14 avaient une atteinte modérée nécessitant une oxygénothérapie seule. Le contrôle à 3 mois a trouvé que 2/14 patients avaient un trouble cognitif avec un score MMS<24, 6/14 avaient une insomnie. Un syndrome dépressif a été retrouvé chez 3 patients ayant un score HAD à 15, 17 et 20 respectivement. Un syndrome anxieux a été diagnostiqué chez un patient dont le score HAD était coté à 11. Des symptômes de TSPT sévère (SPRINT entre 18 et 32) ont été retrouvés chez 4 patients et léger (SPRINT entre 7 et 10) chez 2 patients. Ces séquelles psychiatriques étaient significativement associées à la présence de comorbidités (p=0,03). La présence de troubles cognitifs était significativement corrélée à une altération de la qualité de vie dans sa dimension physique (p=0,04) mais pas dans sa dimension mentale. La moitié des patients n’ont pas repris leurs activités professionnelles à 3 mois.
En réanimation, les survivants de la COVID 19 sont à risque élevé de séquelles psychiatriques et cognitives altérant significativement leur qualité de vie. Ainsi un suivi psychologique, des stratégies de soutien psychosocial et une rééducation neurocognitive précoce doivent être envisagées chez ces patients.
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Publicado por Elsevier Masson SAS.