Impact du sevrage tabagique sur la qualité de vie des patients atteints de cancer bronchopulmonaire - 09/01/24

Le tabagisme est le principal facteur de risque du cancer bronchopulmonaire (CBP). Peu importe le type histologique et le stade de la maladie, la poursuite du tabagisme influence le pronostic, l’évolution et la prise en charge thérapeutique de la maladie.

L’objectif de notre étude était d’étudier la relation entre le sevrage tabagique et la qualité de vie des patients atteints de CBP.

Il s’agit d’une étude descriptive et transversale, réalisée au service de pneumologie IBN NAFISS (Tunisie) incluant 160 patients de la période allant de janvier 2022 à juillet 2023 atteints d’un cancer non à petites cellules du poumon classé stade III et IV qui ont répondus aux questionnaires EORTC QLQ C30 se rapportant à la QDV et Hospital Anxiety and Depression scale (HADs) se rapportant aux troubles anxiodépressifs. L’état général et les activités quotidiennes ont été évalues par l’indice de performance statut de l’OMS (PS). Les données cliniques, paracliniques et thérapeutiques ont été collectées à partir des dossiers médicaux. Les patients ont été répartis en deux groupes selon le statut tabagique. Groupe 1 (G1) : 68 patients non tabagiques ou tabagiques sevrés. Groupe 2 (G2) : 92 patients tabagiques actifs.

L’âge moyen des patients était comparable dans les deux groupes 58 ans. La consommation tabagique moyenne était de 47,9 PA ; 40,1 PA dans le G1 et 52,7 PA dans le G2. Le CBP était classé stade III dans 40 % et IV dans 60 % des cas. Tous les patients étaient sous chimiothérapie. Il s’agissait d’une première ligne dans 82 % des cas. Un PS à 3 a été retrouvé chez 22 % des patients dans le G1 vs 30 % dans le G2 (p=0,02). La QDV était altérée chez 19,7 % des patients du G1 vs 45 % des patients du G2 (p=0,007). L’activité physique était limitée chez 49 % des G1 et 76 % des G2 (p=0,012). La fatigue était présente chez 56 % des patients du G1 et 85 % des patients du G2 (p=0,02), la douleur était présente chez 33 % des G1 et 40 % des G2 (p>0,5). Il n’y avait pas de retentissement social de la maladie chez 70 % des G1 et 65 % des G2 (p=0,4). Les troubles de la mémoire étaient présents chez 25 % des patients du G1 et 28 % des patient du G2 (p=0,01). Les troubles du sommeil étaient plus fréquents dans G1 (p=0,55) contrairement à la dyspnée et l’anorexie qui étaient plus fréquents dans G2 (p>0,5) sans corrélation statistique significative. L’anxiété et la dépression étaient plus fréquents dans le G2 (15 % vs 35 %, p=0,01), (22 % vs 42 %, p=0,02) respectivement.

Il a été mis en évidence que les fumeurs ont une moins bonne qualité de vie que les non-fumeurs ou les fumeurs sevrés. Cette étude met en évidence un effet délétère de la poursuite du tabagisme sur la qualité de vie des patients ayant un CBP. Ceci doit conduire les cliniciens à aider les patients porteurs d’un CBP dans la démarche du sevrage du tabac.