Adénocarcinome versus carcinome épidermoïde du poumon : focus sur le noyau - 12/01/25

L’adénocarcinome (ADK) et le carcinome épidermoïde (CE) du poumon posent un problème de diagnostic différentiel sur biopsie, notamment dans leur forme peu différenciée, nécessitant le recours quasi-systématique à l’étude immunohistochimique. Le but de ce travail était de déterminer l’intérêt de l’analyse des caractéristiques nucléaires dans le diagnostic différentiel de ces deux types histologiques sur prélèvement biopsique.

Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive ayant porté sur tous les carcinomes non à petites cellules (CNPC) broncho-pulmonaires pris en charge au service de pneumologie et diagnostiqués au service d’anatomie pathologique entre 2018 et 2023. Une relecture des lames a été effectuée par deux pathologistes, afin d’analyser les caractéristiques nucléaires: l’anisonucléose (légère, modérée, marquée), les contours nucléaires (réguliers, irréguliers), la chromatine (fine, hétérogène, dense) et le nucléole (présent/absent).

Trente-cinq cas ont été inclus dans notre étude. L’âge moyen des patients était de 56 ans, avec un sexe ratio H/F de 17. Sur le plan histologique, 23 patients étaient classés ADK, 7 patients CE, 2 patients carcinomes sarcomatoïdes et 3 cas de CNPC NOS. L’analyse des caractéristiques nucléaires a montré une anisonucléose modérée dans 23 % et marquée dans 77 %. Les contours nucléaires étaient réguliers dans 37 % des cas et irréguliers dans 63 % des cas. La chromatine était fine dans 8 %, hétérogène dans 23 % et dense dans 69 %. Un nucléole proéminent était observé dans 34 % des cas. Il n’a pas été retrouvé d’association statistiquement significative entre le degré d’anisonucléose, les contours nucléaires et le type histologique (p=0,73 et p=0,41). La chromatine était dense dans 78 % des cas d’ADK, ainsi que dans l’ensemble des cas de CNPC NOS et sarcomatoïde. Elle était hétérogène dans 86 % des cas de CE. Cette association était statistiquement significative (p<0,01). Un nucléole proéminent a été observé dans 6/7 cas de CE, 4/23 cas d’ADK, 1/3 cas CNPC NOS et un cas parmi les deux carcinomes sarcomatoïdes. Cette association était statistiquement significative (p<0,01).

Notre étude met en évidence l’intérêt des caractéristiques nucléaires dans le diagnostic différentiel entre l’ADK et le CE du poumon. En particulier, une chromatine dense serait plus souvent associée aux ADK, tandis qu’une chromatine hétérogène et un nucléole proéminent seraient des caractéristiques en faveur d’un CE. Ces résultats ouvrent une voie à la création de modèles prédictifs d’intelligence artificielle, capables d’analyser automatiquement ces variations morphologiques subtiles, offrant ainsi un outil potentiel pour affiner le diagnostic histologique.