Fréquence, motivations et connaissances des méfaits liés à la consommation du tabac sans fumée dans une population adulte à Nikki au Nord du Bénin - 12/01/25

Le tabac sans fumé (TSF) est un mode de consommation du tabac, tout aussi nocif, mais dont les méfaits sont sous-estimés par la population générale. Il représente souvent une porte d’entrée dans le tabagisme fumé. Ce travail avait pour objectif d’étudier l’ampleur de la consommation actuelle (c’est-à-dire dans les 12 derniers mois) du TSF, les motivations et la connaissance des méfaits potentiellement induits par cette consommation à Nikki, une région du nord du Bénin.

Il s’agit d’une étude transversale, avec collecte prospective des données chez des sujets âgés d’au moins 18 ans, ayant donné leur consentement éclairé, dans l’arrondissement de Nikki dans le nord du Bénin. La taille minimale de l’échantillon, calculée à partir de la formule de Schwartz était de 344. Un sondage aléatoire en grappes à 2 degrés a été réalisé. Les données ont été colligées lors d’un entretien individuel, à l’aide d’un questionnaire structuré, électronique puis analysées dans Epi Info version 7.1.3.3.

Au total, 688 habitants adultes de la région de Nikki ont été inclus. Leur âge moyen était égal à 32,24±13,30 ans et leur sex-ratio à 4,50. La prévalence d’une consommation actuelle du TSF était de 26,89 % (n=185 ; IC95 %=23,71–30,32). Elle était significativement plus fréquente chez les hommes que les femmes (31,97 % vs 4 % ; p<0,001). La prévalence d’une consommation quotidienne était de 15,12 % (n=104 ; IC95 %=12,63–17,99) et celle d’une consommation occasionnelle de 11,77 % (n=81 ; IC95 %=9,57–14,40). La moyenne journalière de prise des produits du TSF par voie nasale ou orale chez les consommateurs quotidiens était de 5,61 fois/jour. Pour les consommateurs occasionnels, la moyenne de prise était de 2,45 fois/semaine. L’âge moyen de début de consommation était de 23,75±7,42 ans et la durée moyenne de consommation de 12,91±12,52 ans. Le tabac était prisé par voie nasale par 178 (96,22 %). La consommation du TSF était associée à celle du tabac fumé et de l’alcool respectivement chez 8,65 % (n=16) et 62,16 % (n=115). Les principales motivations à la consommation rapportées étaient une protection mystique (n=84 ; 45,36 %), les habitudes de vie (n=28 ; 15,38 %), le plaisir (n=26 ; 13,79 %), le « traitement d’une rhinite » (n=22 ; 11,94 %), la lutte contre le stress (n=15 ; 8,22 %). Sur l’ensemble des 688 enquêtés, 514 (74,71 %) pensaient que le TFS était moins nocif que le tabac fumé ; et 289 (42,01 %) ont déclaré méconnaître les méfaits du TSF. Parmi les 399 autres, les principaux méfaits rapportés étaient une dysphonie (n=259 ; 64,91 %), les cancers (n=239 ; 59,90 %), une rhinite (n=197 ; 49,37 %) une mauvaise haleine (n=96 ; 24,06 %).

À Nikki, la consommation actuelle du TSF est élevée, concernant plus d’un adulte sur quatre et est essentiellement pratiquée par les hommes. La principale motivation évoquée étant dans une perspective de « protection mystique ». Près de la moitié des adultes ne connaissent pas les méfaits de cette consommation. Il urge de sensibiliser les populations sur ce fléau.