Le syndrome d’apnées–hypopnées de sommeil (SAHS) est une pathologie émergente et peu étudiée en Afrique sub-saharienne. Nous décrivons la prévalence et les profils clinique et polygraphique du SAHS chez des patients hospitalisés en médecine, dans un hôpital de référence au Cameroun.
Cette étude transversale a été réalisée à l’hôpital central de Yaoundé de novembre 2016 à mai 2017, incluant des patients hospitalisés en cardiologie, neurologie et endocrinologie, âgés d’au moins 19 ans et choisis selon un échantillonnage aléatoire. Ils étaient soumis à un hétéro questionnaire et un examen physique pour les données cliniques. Le SAHS était défini en polygraphie ventilatoire par un index d’apnées hypopnées (IAH)≥5/h. Les données étaient traitées par les logiciels Epidata 3.1 et SPSS 20.
Parmi les 359 patients interrogés, 111 (53,1 % de femmes) ont réalisé une polygraphie ventilatoire valide. Ils avaient un âge et un indice de masse corporelle (IMC) médians (intervalle interquartile [IIQ]) de 58 (52–66) ans et 27,8 (24,2–31,6) kg/m2 respectivement. La prévalence (IC 95 %) du SAHS était de 66,7 (58,6–75,7) %, répartie en 61,3 (53,2–70,3) % pour le SAHS obstructif et 5,4 (1,8–9,9) % pour le central. Les 74 patients (56,8 % de femmes) porteurs de SAHS avaient un âge et un IMC médian (IIQ) respectifs de 59 (54–67) ans et 27,9 (24,7–31,6) kg/m2. Quatre cinquièmes de ces patients étaient à risque élevé de SAHS selon le score STOPBANG et la quasi-totalité (97,3 %) avait des symptômes nocturnes. Les symptômes les plus fréquents étaient : asthénie diurne (87,8 %), ronflement (74,3 %), somnolence diurne et nycturie (70,3 %), troubles de l’humeur (51,4 %) céphalée matinale et trouble de mémoire (50 %). Les signes physiques classiques étaient moins fréquents : score de Mallampati>2 (47,3 %), périmètre cervical>39cm (35,1 %), rétrognathisme (17,6 %), empreintes dentaires (13,5 %). L’IAH médian (IIQ) était de 22 (2–28,7)/h, et 60 % des patients avaient un IAH≥15/h. Trois quarts des apnéiques avaient un index de désaturations>17/h, et 24,3 % d’entre eux avaient une saturation oxyhémoglobinée moyenne≤92 %.
Dans cette étude, le SAHS avait une prévalence très élevée et était majoritairement obstructif, symptomatique et modéré à sévère. Il s’accompagnait de désaturations fréquentes. Ces données méritent d’être confirmées sur des effectifs plus importants, et inciteraient à accentuer le dépistage du SAHS chez les patients de cardiologie, neurologie et endocrinologie.
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Publicado por Elsevier Masson SAS.