Caractéristiques du cancer bronchopulmonaire chez les patients présentant une forte dépendance nicotinique - 12/01/25

Malgré la reconnaissance de l’ampleur dévastatrice du tabagisme sur le cancer bronchopulmonaire, les subtilités de la dépendance à la nicotine chez les patients atteints de cette maladie restent largement méconnues et sous-étudiées. Dans cette optique, notre étude visait à évaluer les caractéristiques du cancer bronchopulmonaire chez les patients présentant une forte dépendance nicotinique.

Une étude prospective a été menée de juillet à décembre 2022. Nous avons inclus des patients consentants atteints de cancer bronchopulmonaire aux stades localement avancés (IIIB et IIIC) ou métastatiques IV, selon la classification de l’OMS. Les critères d’exclusion comprenaient l’absence de confirmation histologique, les métastases pulmonaires d’un cancer extra-thoracique et les troubles psychiatriques. Les données sociodémographiques, cliniques et paracliniques, ainsi que les évaluations de l’anxiété et de la dépression à l’aide de l’échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression Scale), ont été recueillies. La dépendance nicotinique a été évaluée à l’aide du test de Fagerström. Une forte dépendance nicotinique a été définie par un score supérieur ou égal à 7.

Nous avons inclus 90 patients masculins, d’âge moyen de 60,8±7 ans, avec une fourchette d’âge de 40 à 74 ans. La consommation moyenne de tabac, exprimée en paquets-années, s’élevait à 56,24±28. Les deux groupes étaient comparables en termes d’âge, des comorbidités et du stade de la maladie néoplasique. Dans G1, 10 (18,51 %) des patients avaient un indice de masse corporelle<18. Le délai moyen entre la première radiographie du thorax et la première consultation était plus important dans G1 (23±5jours vs 12±2jours ; p=0,001). Le type histologique le plus prépondérant était l’adénocarcinome dans G2 et le carcinome épidermoïde dans G1. L’atteinte métastatique au G1 concerne plus de 3 sites dans 50 % des cas (n=27). La survenue d’effets indésirables post thérapeutiques était plus fréquent dans G1 (63 % vs 18 %, p<10-3). Une anxiété-dépression était uniquement présente au G1 (n=28 ; 51 %). De même la progression tumorale à la première évaluation était significativement plus fréquente dans G1 (n=42 ; 78 %). La survie globale et la survie sans progression étaient plus élevées dans G2 (12,83±1,33 vs 7,58±2,1 ; p=0,001).

Notre étude met en valeur l’association significative entre le tabagisme et le cancer bronchopulmonaire de stade avancé, notamment en ce qui concerne le type histologique, l’atteinte métastatique, les complications, l’anxiété et la dépression, la réponse au traitement et la survie.