Exposition à la pollution de l’air, conséquences respiratoires et perceptions chez des enfants africains vivant dans des conditions précaires en milieu urbain – une étude de cas à Abidjan, Côte d’Ivoire - 12/01/25

La pollution de l’air peut gravement affecter la santé pulmonaire des enfants, mais elle est souvent négligée en tant que priorité de santé publique par les décideurs politiques et la population dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Nous avons réalisé une étude interdisciplinaire utilisant une méthode mixte pour évaluer l’exposition à la pollution de l’air et la santé respiratoire des enfants âgés de 5 à 10 ans vivant dans des conditions précaires à Yopougon, un quartier d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, ainsi que les perceptions et les connaissances des parents et des enfants sur la pollution de l’air. Nous avons évalué l’exposition à la pollution par les concentrations de PM10 et PM2,5 à l’intérieur et à l’extérieur, ainsi que par des questionnaires. La santé respiratoire des enfants a été évaluée à l’aide du questionnaire ISAAC, d’une évaluation clinique, de spirométrie ou de RINT, en fonction de leur capacité à effectuer une expiration forcée. Leur perception de la pollution de l’air a été évaluée à travers l’activité « Dessine et exprime-toi », et celle des parents par des entretiens semi-structurés et des questionnaires.

Nous avons recruté 124 enfants issus de 65 ménages qui utilisaient une cuisson mixte au gaz et au charbon de bois, dans des environnements fortement pollués. Les concentrations médianes de PM10 et PM2,5 sur 48heures étaient respectivement de 126,7 (IQR : 82,7) et 60,8 (IQR : 50,7) μg/m³ à l’intérieur, et de 113,4 (IQR : 64,2) et 58,2 (IQR : 36,9) μg/m³ à l’extérieur, dans les cours. Vingt et un enfants (16,9 %) ont signalé une respiration sifflante au cours de l’année précédente, 65 (52,4 %) ont signalé une toux sèche nocturne, et 63 (72,4 %) présentaient une altération de la fonction pulmonaire à la spirométrie, avec 24 (27,6 %) cas d’asthme, 19 (21,8 %) cas d’obstruction non réversible et 20 (23,0 %) cas de trouble restrictif. Les adultes et les enfants ont pu identifier des sources visibles de pollution de l’air, mais ignoraient en grande partie ses effets sur la santé.

Malgré une forte exposition à la pollution de l’air avec des concentrations de particules bien au-delà des recommandations de l’OMS dans ce quartier d’Abidjan, et une forte prévalence de symptômes respiratoires, et de troubles fonctionnels respiratoires chez les enfants, la perception de la pollution de l’air en tant que problème de santé était très limitée chez les enfants et les adultes. Des recommandations et une sensibilisation des parents et des enfants, dès l’école primaire, sont nécessaires pour limiter l’exposition à la pollution de l’air et ses conséquences respiratoires.