Conséquences immunologiques de la grossesse chez les femmes transplantées pulmonaires en France : étude TRIGGER1 - 12/01/25
, I. Danner-Boucher 1, A. Walenciz 2, A. Tissot 1, V. Dochez 3, J. Le Pavec 4, O. Brugière 5, M. Raynaud-Gauber 6, B. Coiffard 6, R. Kessler 7, X. Demant 8, J. Macey 8, C. Merveilleux Du Vignaux 9, C. Saint-Raymond 10, P.R. Burgel 11, N. Carlier 11, J. Sillerand-Chassany 12, F.X. Blanc 1Résumé |
Introduction |
Les grossesses chez les femmes transplantées pulmonaires sont considérées à haut risque du fait de la fréquence élevée d’hypertension artérielle, de diabète et d’infections. Il existe par ailleurs un risque certain d’allo-immunisation HLA lié à la grossesse, pouvant potentiellement aboutir chez les patientes greffées à un rejet humoral. Quelques cas ont été décrits chez des femmes transplantées rénales, hépatiques et cardiaques, mais ce risque n’avait jamais été étudié en transplantation pulmonaire. L’objectif de notre étude est d’étudier le risque d’apparition d’un rejet humoral dans l’année suivant la grossesse, celui-ci associant l’apparition d’anticorps anti-HLA dirigés contre le donneur (Donnor Specific Antibodies, DSA) et une dégradation de la fonction respiratoire.
Méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique menée dans les 11 centres de transplantation pulmonaire français. Elle concernait les femmes transplantées pulmonaires ayant présenté une grossesse, aboutie ou non, entre le 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2021.
Résultats |
Soixante-seize grossesses ont été incluses chez 52 patientes. Il s’agissait principalement de femmes transplantées bi-pulmonaires (n=43 ; 82,7 %), sur mucoviscidose (n=40 ; 76,9 %) ou hypertension pulmonaire (n=11 ; 21 %), dont l’âge moyen à la transplantation était de 24±5 ans, et au début de la grossesse de 31±5 ans. Sur l’ensemble des grossesses, 43 (56,6 %) ont abouti à la naissance d’enfants, dont une grossesse gémellaire, tandis que les autres ont mené à une interruption de grossesse (n=8 ; 10,5 %) ou une fausse couche (n=25 ; 32,9 %). Cinq rejets humoraux (6,6 %) ont été identifiés dans l’année suivant la grossesse, avec un délai moyen de survenue de 6,24±6,02 mois. Deux des 5 grossesses ont abouti à la naissance d’un nouveau-né et 3 à une interruption de grossesse. Ces 5 rejets humoraux ont abouti à la perte du greffon avec 2 décès et 3 retransplantations. Concernant les critères de jugements secondaires, 17 grossesses (22,4 %) ont entraîné une allo-immunisation de novo et 2 autres (2,6 %) une majoration d’une allo-immunisation préexistante. Quand les anticorps anti-HLA étaient des DSA de novo (n=5), un rejet humoral apparaissait dans tous les cas. Trois grossesses ont été suivies d’un rejet aigu cellulaire sans rejet humoral et une grossesse suivie d’un rejet réversible neutrophilique. Aucun facteur de risque de développer un rejet humoral n’a été identifié. Une analyse de survie exploratoire n’a pas montré de différence significative dans une situation d’allo-immunisation.
Conclusion |
La grossesse chez les femmes transplantées pulmonaires semble être à risque d’allo-immunisation HLA et d’apparition de rejet humoral dans l’année qui la suit. Le rejet humoral post grossesse a été responsable d’une perte du greffon pulmonaire dans 100 % des cas de notre étude. Le suivi des anticorps anti-HLA doit donc être rapproché et prolongé durant l’année suivant la grossesse. Une évaluation du risque de rejet humoral par un typage HLA du père en préconceptionnel comparé à celui du greffon peut se discuter. Un typage HLA de l’enfant sur sang ombilical peut également être proposé afin de renforcer l’immunosuppression en cas d’antigènes HLA communs entre le greffon et l’enfant.
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Vol 17 - N° 1
P. 263 - janvier 2025 Regresar al número¿Ya suscrito a @@106933@@ revista ?


